Le temps a fini par lui donner raison puisque, aujourd'hui, tamazight est langue nationale et officielle et la littérature amazighe est en train de se développer à un rythme très encourageant. Rachid Aliche qui nous a quittés en mars 2008, de par sa formation universitaire n'était pas destiné à devenir écrivain. Mais sa passion et sa fibre militante l'ont propulsé à ce statut qui fait de lui aujourd'hui un repère en la matière, voire l'un des symboles de la littérature amazighe. En effet, le regretté Rachid Aliche était diplômé en physique-chimie. Il a vu le jour dans le village Taguemount Azzouz (Ath Douala), voisin de Tizi Hibel où est né un certain Mouloud Feraoun et non loin de Taourirt Moussa, terre natale de Matoub Lounès. Après l'indépendance, Rachid Aliche est le premier écrivain à avoir écrit un roman en langue amazighe. Son apport à la culture, à la langue et à la littérature amazighes se décline sous plusieurs formes. En plus de l'écriture, il a animé des émissions radiophoniques ainsi que des cours de langue amazighe. C'est en 1981 que parait «Asfel», son premier roman aux Editions «Fédérop». Cinq années plus tard, en 1986, Rachid Alliche rebondit avec un deuxième roman intitulé «Faffa», publié chez le même éditeur. Mais il a fallu attendre l'ouverture démocratique ayant succédé aux événements du 5 octobre 1988 pour qu'enfin les publications en langue amazighe soient autorisées en Algérie. C'est ainsi que son roman «Fafa» est enfin édité en Algérie pour la première fois en connaissant un succès phénoménal. Rachid Aliche est également l'auteur de «Tasinfunit», une pièce de théâtre parue aux Editions «Awal» en 1988, d'un manuel d'initiation à la langue amazighe ainsi que des nouvelles et textes de critique littéraire publiés dans la presse algérienne. Il a, en outre, édité une cassette audio accompagnée d'un livret de textes chantés à but didactique et un recueil de textes (issus de l'émission enfantine) destiné à l'enfance qu'il a animée pendant longtemps à la radio kabyle chaine II. Le romancier, essayiste et critique littéraire Rachid Oulebsir, dans un vibrant hommage rendu à Rachid Aliche, a précisé que ce dernier «a brisé les tabous et ouvert la porte de l'impossible, éclairé le sentier obscurci par l'histoire et la volonté mortifère d'un pouvoir jacobin promoteur de la pensée unique rétrograde et intégriste». Rachid Oulebsir ajoute: «Je n'ai pas connu Rachid Alliche suffisamment, mais il est de ces personnes chargées d'empathie et du besoin de communiquer, qu'il nous avait suffi de deux rencontres fortuites en France pour nous comprendre et aller rapidement dans nos préoccupations essentielles: Comment sauvegarder notre littérature orale Kabyle, comment transmettre aux jeunes générations les trésors que nous ont confiés nos mères, nos pères, nos cousins». Pour perpétuer son nom, la direction de la Culture et des Arts de la wilaya de Tizi Ouzou a lancé un Prix littéraire du meilleur roman en langue amazighe portant le nom de Rachid Aliche. Lors de sa première édition, le Prix a été décerné à l'écrivaine Rachida Bensidhoum pour son roman «Icenga n talsa» (Editions Achab). Avant cela, la fondation «Tiregwa» a également lancé le prix Rachid Alliche, récompensant régulièrement les meilleures oeuvres littéraires en langue amazighe.