Plus de 50% des brûlures sont dues aux liquides chauds: eau, lait, huile... Soixante dix-huit lits, capacité d'accueil dont dispose la clinique centrale d'Alger pour recevoir les grands brûlés. Ce qui est beaucoup et pas assez pour un service qui ne désemplit pas au vu du nombre d'accidents en constante augmentation. A titre de comparaison, en France, la ville de Lyon dispose de 16 lits pour faire face à ce phénomène. Les accidents par brûlures représentent quelque 10% des accidents de la vie courante et touchent principalement les jeunes enfants de 1 à 5 ans. Les enfants plus âgés 8-10 ans et plus sont davantage concernés par les incendies et les explosions, particulièrement de bouteille de gaz butane. Selon Mme Bahlou, chef d'unité à la clinique centrale d'Alger et spécialiste en chirurgie réparatrice, le réchaud classique tabouna, est l'instrument principal qui en est la cause, ajouté au tuyau de la bouteille de gaz auquel elle est raccordée qui traîne à portée de la main. Toutes les mamans du monde le disent «que Dieu préserve mon enfant» une façon de se prémunir contre la fatalité. Quand on voit l'évolution d'un bébé qui, dès les premiers mois de son existence, commence à se mouvoir jusqu'à devenir insaisissable, il y a de quoi donner des sueurs froides aux jeunes et moins jeunes mamans, en pensant aux possibles catastrophes qu'ils frôlent à tout moment et qui, quelquefois, se transforment en drames. Le bébé découvre, explore l'univers et l'intérieur de la maison familiale et ne perçoit pas une fraction de seconde le danger, et comment aurait-il pu le faire, et c'est ainsi qu'il échappe souvent à la vigilance de ses parents. Les dangers et les accidents deviennent pratiquement inévitables, si ce n'est compter sur le hasard, la chance ou alors s'en remettre à la fatalité, le mektoub. Alors le seul moyen le plus efficace qui reste demeure la prévention ne rien laisser traîner qui puisse provoquer l'irréparable. C'est surtout dans la petite enfance que les enfants sont sujets aux accidents domestiques en particulier à ceux causés par ébouillantement, casseroles d'eau ou poêle à frire par excellence. Plus de 50% des brûlures sont dues aux liquides chauds, eau, lait, huile... Le plus souvent les lésions sont localisées au niveau du visage et des mains. Lorsque le niveau de gravité de la brûlure n'est pas très important (1er degré), il est recommandé de mettre la partie concernée sous l'eau froide du robinet pendant au moins un quart d'heure. Il faut surtout éviter d'enduire la brûlure de beurre, dentifrice, café, ou autre idée saugrenue. La badigeonnage à la Biafine ou la pose de tulle gras jaune comme première intervention est recommandée. Les pansements à la biogaz de couleur verte sont à proscrire car ils peuvent provoquer des comas chez les plus petits. Face à ce type d'accidents, le personne paramédical et médical est souvent démuni car les dégâts occasionnés donnent bien souvent lieu à des crises de nerfs lorsque la victime ou les parents découvrent l'ampleur de sa défiguration. Kenza, jeune fille de 23 ans, témoigne: «Pour éviter l'agression que j'ai subie de la part de mon frère, j'ai dû me réfugier dans la cuisine. Ayant aperçu une bouteille en plastique, que j'ai prise pour de l'eau, j'ai avalé une gorgée que j'ai recrachée car je me suis aperçue que c'était de l'essence». En jetant en même temps la bouteille qui a atterri sur le réchaud, tabouna, la malheureuse a provoqué une explosion qui l'a complètement défigurée. «Moi qui étais si belle, je n'ose plus me regarder dans un miroir» ajoute-t-elle. La peur du miroir mais surtout la découverte d'une autre image de soi, répugnante. C'est le grand brûlé qui n'arrive pas à faire le deuil de son visage. Les troubles psychologiques qui entraînent de profondes séquelles se retrouvent aussi chez les mamans qui par inadvertance ou inattention ont transformé dramatiquement la vie de leurs enfants et c'est la culpabilité transformée en mélancolie, qui entretient la vie brisée de mamans inconsolables de n'avoir pas su être vigilantes. La chirurgie esthétique souvent très coûteuse demeure une solution qui peut soulager un tant soit peu, lorsqu'elle est réussie, ces drames inattendus. La meilleure manière d'éviter ce genre d'épreuve reste la prévention pour protéger nos petits têtes blondes qui sont les principales victimes des atrocités d'une telle souffrance physique et psychologique.