Les deux compagnies viennent de jeter un gros pavé dans la mare. «Nous suivons cela de très près», a indiqué mardi, Stefaan de Rynck, porte-parole de la commission européenne, au sujet de l'accord gazier, conclu le week-end dernier à Moscou entre Gazprom et Sonatrach. Une annonce survenue suite à la lettre adressée par le ministre italien de l'Industrie, Pierluigi Bersani, au commissaire européen à l'Energie, M.Andris Piebalgs. Le ministre italien, a exprimé les inquiétudes de son pays quant à une alliance qui aggravera la dépendance énergétique de l'UE. Les deux compagnies viennent de jeter un gros pavé dans la mare du Vieux continent qui craint l'édification d'un partenariat stratégique. L'accord conduira, selon Piuerluigi Bersani, à une augmentation imminente des prix, étant donné que les 25 s'approvisionnent auprès d'un nombre restreint de fournisseurs. Il a soutenu dans la même logique que «cet accord va servir de signal d´alarme à Rome, Bruxelles et dans toutes les capitales européennes», faisant par là, une allusion à une riposte européenne fédérée. De son côté, le géant gazier italien ENI, est allé jusqu' à qualifier l'accord, de «jonction préoccupante». Néanmoins, les vives réactions des Italiens sont compréhensibles et d'autant plus justifiées par le fait que 69% de leurs besoins en gaz sont fournis par ces deux alliés, dont 37% sont assurés par l'Algérie et 32% par la Russie. La crise gazière ukrainienne, survenue durant l'hiver dernier, a laissé de mauvais souvenirs pour ce pays qui s'est trouvé, en un temps très court, dans l'obligation de puiser dans ses stocks stratégiques et d'imposer des restrictions dans la consommation de cette énergie. Les craintes européennes ont trait, précisément, à des points précis dans cet accord englobant tous les volets de l'industrie des hydrocarbures, à savoir le développement des infrastructures gazières, l'exploration, l'extraction, le transport, le traitement et la vente. Il s'agit tout particulièrement du volet commercialisation, traduit comme un premier pas conduisant à la formation d'un cartel, ou d'un «Opep gazier», suivant les termes de M.Romano Prodi. L'Algérie et la Russie, qui étaient des concurrents sur le marché européen ont franchi une étape décisive en optant de s'unir face à leurs clients. L'augmentation des prix aura des retombées catastrophiques sur les économies européennes qui ont trouvé, en cette énergie propre et bon marché, une alternative au pétrole, pollueur et instable en matière de prix. Le partenariat gazier algéro-russe, qui vient d'être ficelé dans ce fameux accord, a suscité de nombreuses spéculations de la part des médias européens et des observateurs de l'échiquier énergétique international. Un nombre de spécialistes ont estimé que la gestion d'un cartel gazier serait d'une extrême difficulté, vu que l'industrie gazière est caractérisée par la multiplicité des types de gaz et de leurs moyens de transport. D'autres parlent de l'intérêt des exportateurs de cette énergie à ne pas alarmer les 25 qui peuvent porter leur choix sur l'énergie nucléaire. Le P-DG de Suez, le numéro 2 des centrales nucléaires en Europe derrière GDF (Gaz de France), a mis en garde l'Exécutif de Bruxelles contre la dépendance de l'UE vis-à-vis des Russes. Suez qui aspire à devenir numéro1 mondial du gaz liquéfié en cas de fusion avec GDF, a appelé les Européens à former des blocs puissants qui seront en mesure de tenir tête aux cartels de l'énergie. Recourir à l'énergie nucléaire et autres énergies renouvelables, peut être la solution idoine mais d'ici-là les machines ne vont pas s'arrêter.