Une alliance algéro-russe autour des hydrocarbures avait fait réagir Rome. Le Premier ministre italien, M.Romano Prodi, est attendu en visite officielle à Alger d'ici la fin de l'année. Ça sera la deuxième pour ce politique, qui a rendu visite à l'Algérie en 2004, en sa qualité de président de la commission européenne. Le successeur de Silvio Berlusconi, à la tête de l'Exécutif italien et néanmoins président du parti du centre gauche, a affiché ses intentions de poursuivre le parcours de bonnes relations liant les deux pays. Il faut dire, dans ce sens, que les dirigeants italiens, qu'ils soient de gauche ou de droite, n'ont pas changé d'attitude envers l'Algérie, même au moment où elle a fait l'objet d'un blocus politico-économique durant la décennie noire. Seulement, un élément nouveau consacré dans une alliance algéro-russe autour des hydrocarbures avait fait réagir le gouvernement italien. Ce jeudi, le vice-ministre des Affaires étrangères, M.Ugo Intini, en visite de travail à Alger, a quelque peu tempéré l'inquiétude exprimée par son gouvernement en affirmant que «l'accord gazier conclu entre l'Algérie et la Russie ne nous préoccupe pas». Le diplomate, chargé du Moyen-Orient et de la Méditerranée, a été catégorique en indiquant que les inquiétudes se lisent seulement au niveau de la presse et qu'elles n'expriment en aucune manière la position officielle de Rome. Diplomatie oblige, M.Intini a complètement nié les positions exprimées antérieurement par les officiels de son pays, suite à l'annonce de l'accord signé entre Gazprom et Sonatrach. A commencer par la réaction du Premier ministre, Romano Prodi, qui a appelé Bruxelles à intervenir pour empêcher la création d'un «Opep gazier» qui pourrait menacer la sécurité énergétique de l'UE. Puis viennent les déclarations du ministre de l'Industrie Pierluigi Bersani, qui a adressé une lettre à la commission européenne dans laquelle il a exprimé les inquiétudes de son pays quant à cet accord qui va servir, selon ses termes, «de signal d´alarme à Rome, Bruxelles et dans toutes les capitales européennes». Au sujet des craintes formulées par ENI, le géant transalpin du gaz, et une grande partie de la presse européenne, ayant trait à l'imminente naissance d'un groupement d'intérêts -constitué des principaux producteurs-exportateurs de gaz à l'image de l'Opep pour le pétrole ; le vice-ministre a adopté une attitude rassurante en déclarant: «qu'en l'état actuel des choses il n'y a pas de cartel du gaz». M.Intini a fait preuve d'une forte éloquence en déclarant que «nous exportons du travail et nous importons de l'énergie» tout en insistant sur le fait que les deux pays, l'Algérie et la Russie en l'occurrence, «sont deux partenaires stratégiques de l'Italie». Les déclarations du diplomate italien, qui vont à contre-courant des positions exprimées par les officiels, les médias et les acteurs économiques de son pays, s'inscrivent dans le registre des courtoisies et des affabilités dictées par une conjoncture de coopération bilatérale en plein essor.