Le chef de la diplomatie brésilienne a rejeté lundi les critiques de Washington qui a accusé le Brésil de se faire «l'écho de la propagande russe et chinoise» sur le conflit en Ukraine, au premier jour de la visite du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov au Brésil. «Je ne sais pas comment ni pourquoi (le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche) est arrivé à cette conclusion. Mais je ne suis en aucun cas d'accord», a déclaré Mauro Vieira aux journalistes à Brasilia. Lundi, John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale, a déclaré que «le Brésil se fait l'écho de la propagande russe et chinoise sans prendre en compte les faits». «Les récents commentaires du Brésil selon lesquels l'Ukraine devrait envisager de céder officiellement la Crimée en guise de concession pour la paix sont tout simplement malavisés». Les chefs de la diplomatie du G7 réunis au Japon ont eux mis sévèrement en garde, hier, les pays qui fourniraient une assistance à la Russie en Ukraine, promettant de leur faire «payer le prix fort». Mais la Chine les a accusés, hier, de la «calomnier» et de la «salir» après leur communiqué très critique. «La réunion des ministres des Affaires étrangères du G7 n'a tenu aucun compte ni de la position solennelle de la Chine ni des faits objectifs. Elle s'est immiscée dans les affaires intérieures de la Chine, a calomnié et sali la Chine de manière malveillante», a indiqué devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. De son côté, le ministre chinois de la Défense Li Shangfu, en visite à Moscou, a affiché, hier, sa «détermination» à renforcer la coopération avec l'armée russe, propos rapportés par les agences de presse russes. Cette visite à Moscou vise à «démontrer au monde extérieur» la «ferme détermination à renforcer la coopération stratégique entre les forces armées chinoises et russes», a déclaré Li Shangfu, dans un contexte d'opposition aux Occidentaux. Cette déclaration intervient au premier jour de la visite au Brésil de Sergueï Lavrov, qui entame une tournée en Amérique latine. Il a rencontré le président brésilien Luiz Inacio Lula au Palais de l'Alvorada, résidence officielle du chef de l'Etat brésilien. Cet entretien n'a pas donné lieu à la publication d'un communiqué officiel. «Nous remercions le Brésil pour sa contribution à (la recherche d') une solution à ce conflit», a déclaré le chef de la diplomatie russe lors d'une conférence de presse. Lavrov a affirmé que Moscou souhaitait que «le conflit se termine au plus vite», mais en préconisant une solution «durable et non immédiate». La semaine dernière, Lula avait réitéré son intention de créer un «G20 de la paix», groupe de pays dont le but serait d'oeuvrer pour la fin du conflit en Ukraine. Il avait également affirmé que Washington devait «cesser d'encourager la guerre et commencer à parler de paix». Et «l'Union européenne doit commencer à parler de paix», avait lancé le président brésilien samedi à Pékin. Lors d'une escale aux Emirats arabes unis, dimanche, Lula avait jugé que «l'Europe et les Etats-Unis continuent de contribuer à la poursuite de la guerre. Alors ils doivent s'asseoir autour de la table et dire: ''Ça suffit''». Ces critiques font écho à celles formulées par Moscou et Pékin, qui blâment les pays occidentaux pour la poursuite de la guerre. Il y a dix jours, en Turquie, Sergueï Lavrov avait affirmé que les négociations de paix n'étaient possibles que si elles visaient à l'établissement d'un «nouvel ordre mondial», sans domination américaine. «Nous sommes reconnaissants envers nos amis brésiliens pour l'excellente compréhension de la genèse de cette situation» en Ukraine, a commenté Lavrov à Brasilia. «Nous sommes unis par une volonté commune de former un monde polycentrique plus juste», a-t-il ajouté. La visite de Lavrov à Brasilia intervient trois semaines après celle à Moscou de Celso Amorim, le principal conseiller du président Lula pour les affaires internationales, reçu par Vladimir Poutine. Le Brésil et la Russie font partie des Brics, groupe de pays émergents qui compte également dans ses rangs l'Inde, la Chine et l'Afrique du Sud. À l'inverse de plusieurs puissances occidentales, le Brésil n'a jamais imposé de sanctions financières à la Russie ou accepté de fournir des munitions à Kiev et tente de se positionner, tout comme la Chine, en tant que médiateur. Selon l'agence TASS, le Brésil est la première étape d'une tournée d'une semaine de Lavrov qui doit le mener au Venezuela, au Nicaragua et à Cuba, trois pays ouvertement hostiles à Washington.