Le Hezbollah a encore fait courber l'échine, hier, aux troupes israéliennes, tirant un «baroud d'honneur» aussi meurtrier que les roquettes qui détruisent les chars ennemis. Alors que la grande offensive annoncée par le duo Ehud Olmert-Amir Peretz bute sur une vaillante et surprenante résistance, Shimon Peres le numéro deux du gouvernement israélien, estime que «le Hezbollah ne finit pas en grand héros, mais la queue basse». Aveuglé par la déroute de son armée, dont le mythe longtemps entretenu est aujourd'hui anéanti et réduit en miettes, il lâche cyniquement ce qui suit: «A mon avis, nous avons fini en étant plus au moins vainqueurs sur le plan politique et militaire. Nous avons commencé lentement et nous sommes à plein rendement, alors que le Hezbollah a débuté très fort et maintenant, ils sont relativement épuisés». Déclaration faite, hier, au moment où plusieurs organes de presse rapportaient, chiffres à l'appui, des informations faisant état de la déroute de cette armée, réputée «invincible», aux alentours des villages du Sud-Liban défendus, bec et ongles, par de farouches combattants, maniant avec succès les lances roquettes et Kalachnikov. L'Agence France Presse a même annoncé que les soldats israéliens ont rebroussé chemin, une fois arrivés aux portes du village de Khiam, principale ville du secteur oriental de la frontière. Leur vaine tentative de prendre cette place forte du Hezbollah a duré toute la nuit. De son côté, la télévision satellitaire Al-Arabiya a balancé une autre information faisant état de sept soldats israéliens tués, le même jour, dans des affrontements avec des combattants du Hezbollah. La veille, journée la plus meurtrière pour l'armée israélienne, depuis le début de l'offensive, 24 de ses soldats ont été tués et plus de 85 autres blessés, selon un bilan de l'armée israélienne. Un hélicoptère et des dizaines de chars ont été abattus par les roquettes du Hezbollah. Ces morts portent à 110 le nombre de militaires israéliens tués depuis le 12 juillet. Les chiffres réels, bien plus importants, sont encore détenus par l'état-major de l'armée israélienne et frappés sous le sceau du secret militaire qui ne peut être dévoilé pour ne pas alarmer l'opinion publique en Israël. Le Sud-Liban commence à prendre les allures du grand cimetière promis par Cheikh Nasrallah aux troupes israéliennes. Sur un autre front, plus de 155 roquettes ont touché, dans la matinée et en début d'après-midi, le nord d'Israël. selon la police. Ces attaques ont fait au total un tué et neuf blessés, dont trois graves, ont indiqué les sources médicales. Ces attaques intervenaient alors que le gouvernement du Premier ministre israélien Ehud Olmert était réuni pour se prononcer sur une résolution de l'ONU, prévoyant une cessation des hostilités à partir d'aujourd'hui. Ces faits militaires, reconnus d'ailleurs par les autorités israéliennes, sont la contradiction apportée aux déclarations pompeuses et trompeuses de Shimon Peres qui tente de réconforter l'opinion publique israélienne, rongée par le doute et livrée à un désarroi total, suite à la politique désastreuse avec laquelle a été menée cette sixième guerre contre les Arabes. Une guerre de trop. Les politiques israéliens, convaincus de leur impuissance militaire à venir à bout du Hezbollah, semblent changer de fusil d'épaule en mettant le paquet sur la rentabilisation, en leur faveur, de la résolution onusienne 1701. Tout en tentant une énième manipulation de l'opinion publique libanaise en vue de la faire retourner contre le Hezbollah, qu'Israël rend responsable de ses massacres. Israël semble désarçonné par les coups de boutoir que lui ont porté les combattants du Hezbollah. Il cherche son salut dans les coulisses de l'ONU et en investissant dans les dissensions internes, souhaitées, du Liban. C'est ce qui ressort de la déclaration faite par ce même Shimon Peres qui dit avoir écouté avec attention le discours de Hassan Nasrallah, à l'adresse de qui il incite les Libanais à demander des comptes sur «les raisons qui l'ont poussé à déclencher une guerre qui a fait plus de 1000 victimes libanaises et un demi-million de réfugiés». Déraison. A retenir dans cette histoire que, maintenant, les politiques israéliens ont, au moins, appris à écouter avec attention les discours du chef du Hezbollah. Le monde entier connaît les assassins des civils libanais. Hier, encore, l'armée israélienne a bombardé, à la mi-journée, le quartier de Haret Hreïk, dans la banlieue sud de Beyrouth, faisant plusieurs blessés, selon des secouristes. Le bilan global et non définitif de ses raids s'est élevé, hier, à dix sept morts et quarante blessés. Ne pouvant tenir tête au bras armé du Hezbollah, Israël se venge sur les populations de Beyrouth. Allongeant davantage la liste des victimes qui a déjà dépassé au 33é jour de son offensive au Liban les 1145 morts. Plus de mille victimes sont des civils dont 30% des enfants de moins de 12 ans, et 3628 blessés. Un palmarès qui déshonore l'Etat d'Israël et cette armée qu'on disait moderne et efficace humiliée par une poignée de combattants qui ont tiré, hier, le «baroud d'honneur».