Sans surprise, les deux parties ont accepté samedi et hier le texte onusien sur la cessation immédiate des hostilités. Trente quatre jours après le début de la guerre d'Israël contre le Liban le 12 juillet, les deux parties belligérantes ont accepté la résolution 1701 du Conseil de sécurité -adoptée vendredi à l'unanimité de ses quinze membres- qui appelle à la cessation immédiate des hostilités. Avant même que de dire qui est vainqueur ou qui est vaincu dans la plus longue guerre entre Israël et des Arabes depuis des années, il reste toutefois la manière avec laquelle le document onusien sera appliqué sur le terrain. A cet effet, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, a indiqué samedi que la fin des combats devait entrer en vigueur lundi (aujourd'hui) à 08h00 locales (05h00 GMT). Avant d'en arriver là il fallut l'approbation de la résolution 1701 par Israël, le Liban et le Hezbollah. Tel-Aviv a donné une réponse positive hier après la réunion du cabinet israélien, qui a approuvé par 24 voix, sur les 25, les termes de la résolution du Conseil de sécurité. Samedi, le gouvernement libanais en avait fait de même en acceptant le texte onusien. Le Hezbollah, par la voix de son chef, Hassan Nasrallah, a indiqué samedi que son mouvement s'est «engagé à cesser tout acte d'hostilité» une fois qu'un accord aura été négocié par les Nations unies. Toutefois, les commentaires émis par les uns et les autres laissent quelque peu sceptique sur les suites d'une trêve ou chacun semble, singulièrement Israël, ne voir dans la résolution que ce qui les arrangent et qu'ils veulent bien y voir. Ainsi, le gouvernement israélien a souscrit hier à la résolution 1701 des Nations unies appelant à l'arrêt immédiat des combats, ont indiqué hier des responsables gouvernementaux israéliens. «Le gouvernement a approuvé la résolution 1701», a déclaré cette source à l'issue d'une réunion du cabinet israélien de près de cinq heures. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert, cité par cette source, a estimé que la résolution des Nations unies était «bonne pour Israël». Indiquant que cette résolution était «bonne pour Israël dans la mesure où elle aboutira à l'entière mise en application de la résolution 1559» portant sur le désarmement du Hezbollah. «Le Hezbollah ne sera plus un Etat dans l'Etat au Liban» a ajouté le chef du gouvernement qui a estimé que le gouvernement libanais «pourra devenir un interlocuteur pour Israël». Le ministre de la Justice Haïm Ramon, du parti Kadima au pouvoir, a déclaré de son côté que «la responsabilité de l'application de la résolution incombait désormais sur le gouvernement libanais».Ce dernier réuni samedi à Beyrouth a approuvé à l'unanimité -y compris les deux membres du Hezbollah du gouvernement- la résolution 1701 qui appelait à la fin des hostilités, a déclaré à la presse le ministre de l'Information Ghazi Aridi. «Le gouvernement a approuvé la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, avec quelques remarques» a-t-il indiqué en lisant un communiqué officiel après une réunion du cabinet qui a duré cinq heures. «La décision a été prise à l'unanimité, et demain (hier) il y aura une réunion extraordinaire pour étudier les mesures opérationnelles nécessaires» pour parvenir à un arrêt des hostilités a ajouté le ministre libanais. Si le gouvernement libanais a approuvé à l'unanimité le texte de la résolution, plusieurs de ses membres ont émis cependant des réserves et fait des remarques sur une résolution qui ne donnait pas totalement satisfaction au Liban en ne condamnant pas clairement les destructions opérées par l'armée israélienne des infrastructures économiques et sociales du Liban. MArditi, tout en faisant part de ces réserves a toutefois affirmé «Quand nous disons que le gouvernement accepte la résolution, la résolution sera appliquée», indiquant «Nous aurions bien sûr espéré que la résolution soit totalement en notre faveur», mais «nous avons livré une formidable bataille politique et diplomatique pour aider le Liban à éviter les dangers», a conclu le ministre. La troisième partie prenante de ce conflit, le Hezbollah, a de son côté donné des assurances quant à son respect de «toute cessation des hostilités négociée par l'ONU». S'exprimant le lendemain de l'adoption de la résolution 1701, le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a déclaré que son mouvement ne fera pas «obstacle» au gouvernement libanais même si ce texte est «injuste». «Nous nous sommes engagés à la cessation de tout acte d'hostilité (...) une fois qu'un accord (...) aura été négocié par le Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan en coordination avec le Liban et Israël» a déclaré Hassan Nasrallah sur la chaîne de télévision du Hezbollah, Al Manar. Le chef du Hezbollah affirmera cependant que «La guerre n'est pas encore terminée (...) Nous poursuivrons la résistance tant que l'ennemi poursuivra son agression». Ce qui laisse ouverte toutes les options. Le chef du Hezbollah n'a toutefois pas dit si son mouvement allait accepter d'être désarmé, comme l'espèrent Israël et les Etats-Unis. Sous l'impulsion des Etats-Unis, la résolution 1701 appelle en effet au «désarmement de tous les groupes armés» au Liban, en référence notamment au Hezbollah, sans indiquer comment y parvenir. C'était aussi l'une des exigences, restée lettre morte, de la résolution 1559 de septembre 2004 rappelle-t-on. Pour sa part, le président américain George W.Bush a salué samedi la résolution, tout en reprochant au Hezbollah, à l'Iran et à la Syrie d'avoir commencé «une guerre non désirée» dans la région omettant de dire la responsabilité d'Israël dans une guerre voulue et préméditée de longue date par les stratèges israéliens comme l'a démontré la promptitude avec laquelle la guerre a été engagée le lendemain de la capture par des milices du Hezbollah de deux soldats israéliens. M.Bush, a indiqué aussi «Maintenant je demande instamment à la communauté internationale de traduire ses mots en actions et de faire tout ce qui est possible pour apporter une paix durable dans la région». Ce qui est beaucoup dire lorsque, comme Washington, il est fait l'impasse sur les raisons primordiales de la pérennité du conflit au Proche-Orient qui est consécutif à l'occupation de territoires arabes par Israël. Or, Israël a toujours refusé l'offre de paix des Arabes par l'application du principe de la terre contre la paix.