La dernière circulaire du ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière réglementant le séjour des malades à l'hôpital semble avoir déjà montré ses limites. Cette dernière qui stipule l'interdiction d'introduire des denrées alimentaires dans les hôpitaux publics s'accommode, en effet, mal avec la réalité du terrain. Pour confirmer ce constat, nous nous sommes rendus à l'un des CHU du pays les plus en vue : ce CHU Mustapha Bacha d'Alger. En ce mois d'août, l'ambiance y est plutôt clémente du fait de l'affluence réduite propre à cette période de vacances. A l'entrée de l'hôpital, c'est-à-dire celle attenante à la rue Hassiba Ben Bouali, un marchand de m'hadjeb lance «m'hadjeb s'khounine!» comme pour narguer le dernier texte de la première autorité médicale du pays. Alors que pizzerias et autres fast-foods font florès aux alentours du plus grand établissement de santé national. A l'intérieur et aux abords des principaux services dont ceux de la maternité ou celui de la neurochirurgie, des citoyens venant rendre visite à des parents hospitalisés, déambulent avec des couffins emplis de nourriture. Alors qu'au seuil des bâtiments aucune note spécifique ne fait cas d'interdiction particulière. En fait, l'édit ministériel revêt ici, auprès des malades et blouses blanches, une allure mi figue mi-raisin. Il est apprécié différemment par les uns et les autres. Dans notre sillage, nous croisons, M.Boukandoura Kamel qui vient d'être admis au service neurochirurgie de l'hôpital Maillot d'Alger pour un accident vasculaire. Il se dit satisfait des prestation, hôtelières et de restauration dont il y a bénéficié. «S'en tenir à la nourriture fournie par l'hôpital est la seule alternative pour recouvrer la santé!» nous dit-il, ajoutant «que pareille mesure ne fait que renforcer les garanties de guérison chez les patients qui doivent suivre un régime alimentaire. spécialement celui sans sel ou sans sucre». Ce n'est pas l'avis d'un autre citoyen rencontré au service ophtalmologie: «La nourriture à l'hôpital ne peut constituer une panacée. Elle reste très sommaire et se résume souvent à des haricots ou des lentilles! C'est pourquoi les malades, surtout ceux qui peuvent se le permettre, n'hésitent pas à s'approvisionner en suppléments nutritifs plus appétissants» Poursuit-il. Un avis que confirme, d'ailleurs, une blouse blanche requérant l'anonymat: «Les malades ne peuvent que contourner pareille réglementation afin d'éviter une nourriture aseptisée et au goût de bromure. Il est donc naturel que ceux qui le peuvent optent pour des aliments introduits de l'extérieur!». Ainsi la circulaire du patron de la santé, émise en date du 26 avril de l'année en cours, et, portant interdiction d'introduire nourriture et literie au sein des hôpitaux, n'est que timidement appliquée à travers le territoire sinon, sciemment, ignorée. La raison en est simple stipulent les praticiens des hôpitaux publics qui estiment encore dérisoire le budget alloué aux structures hospitalières. Pourtant, l'on ajoute que le quota de la restauration a été récemment augmenté de près de 30%. Aujourd'hui, des sources affirment que les frais alloués à la restauration par malade comprenant le petit-déjeuner, le déjeuner et le dîner, ne dépassent guère les 50DA. Alors que pour améliorer un tant soit peu ce volet, pas moins de 300DA par malade seraient requis.