Le cessez-le-feu proclamé, les Libanais sortent de leurs refuges et prennent la route du Liban-Sud pour rejoindre ce qui reste de leurs demeures. Interrompue pendant des jours, l'aide humanitaire a repris son activité, hier, sous l'égide des Nations unies. Une mission de longue haleine attend les secouristes qui reviennent sur ce qui reste des villages et des villes du Sud-Liban pour sortir les victimes restées sous les décombres. L'arrêt des combats au Liban est l'occasion de dévoiler au monde entier le profond traumatisme causé par l'agression israélienne au peuple libanais et à la structure économique du pays. Un répit qui permet aux déplacés de revenir dans les villes du Sud-Liban, laissées en ruines et livrées aux bombardements intenses de l'aviation israélienne et des navires de guerre stationnés tout au long du littoral des grandes villes du pays du Cèdre. La ville portuaire de Tyr a connu, hier, un afflux gigantesque de voitures rentrées de Syrie ou revenant de la capitale libanaise, Beyrouth. Les témoignages des rescapés font état d'un véritable enfer, vécu tout au long des trente-trois jours de l'offensive sauvage de l'armée israélienne qui a ciblé les civils. A Saïda, chef-lieu du Sud-Liban, les gens ont osé braver le danger qui plane encore. Les avions israéliens survolent toujours la région. Pour aller rendre visite à leurs demeures dans les différents villages de la région, certains y partent en véritables éclaireurs pour voir d'abord si leurs maisons sont toujours debout et si les routes sont rouvertes à la circulation automobile. C'est le cas d'Imad Ibrahim, ingénieur de son état, qui a décidé de prendre le volant de sa BMW pour aller voir «si tout va bien», et surtout «vérifier si le cessez-le-feu tient». Si tout va pour le mieux, il reviendra chercher sa famille. La route de Saïda, principal point de passage vers le Liban-Sud, connaît un bouchon formé de centaines de voitures en partance vers cette région défendue, bec et ongles, par les vaillants combattants du Hezbollah. Mais le danger n'est pas totalement évacué. La mort rode encore et l'effet surprise des bombes à fragmentation, larguées par les avions israéliens et restées intactes, risquent de «péter» à tout moment. Un Libanais a déjà péri de la sorte et six autres ont été blessés, dont un secouriste. Ces engins meurtriers explosent au moindre toucher d'une main baladeuse. Le risque guette particulièrement les secouristes qui fouillent les décombres pour dégager les corps ensevelis. Les intervenants sur les sites endommagés ou détruits ont été priés par les autorités libanaises et les organismes de secours de prendre toutes les précautions nécessaires et à observer une extrême vigilance pour éviter d'autres drames. Le Liban a connu quelque 800.000 déplacés, la majorité ayant pris la direction de la Syrie. Cette halte des hostilités est l'occasion donnée aux convois humanitaires pour faire mouvement en direction des zones sinistrées. Particulièrement les villages pris en tenaille par les tirs de l'infanterie israélienne et les fameux avions F-16 qui ont déversé des tonnes de bombes sur tout ce qui se dressait sur le sol. les corps des martyrs civils gisent encore sous les décombres de leurs habitations. Le monde entier sera surpris par les images des exactions commises par l'armée israélienne. Les carnages ont foisonné durant le mois d'enfer vécu par les Libanais. Ceci dit, ce n'est pas encore le temps de la paix dans la région. La mort guette tout un chacun et l'application stricte de la résolution 1701 reste du ressort du «bon vouloir» de l'état-major de cette armée arrogante, qui n'a pas encore digéré la défaite. D'ailleurs, deux combattants du Hezbollah ont été tués, hier, par cette armée, bien après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Comme quoi, Israël confirme son statut de partenaire douteux, incapable de respecter ses engagements. Sur le plan social, tout est à refaire au Liban, même si la fierté d'avoir tenu tête à l'armée «invincible» fait oublier les malheurs et les souffrances endurés. La dignité n'a pas de prix. Pour presser au plus vite, les agences des Nations unies ont repris du service après avoir été contraintes de cesser toute activité, suite aux menaces de l'aviation israélienne qui s'est même donné le droit de bombarder un poste d'observation des forces de la Finul. L'objectif d'Israël était d'affamer le peuple libanais et lui faire vivre des misères pour le châtier et lui faire payer le prix de son soutien à la résistance sous la houlette du Hezbollah. Deux convois d'aide humanitaire ont pris la direction de la ville de Tyr. Vingt-quatre camions transportant des vivres, des médicaments et de l'eau ont pris le départ de la ville de Saïda. Le coordinateur de l'ONU au Liban pour les questions humanitaires, David Shcarer, a déclaré à ce sujet qu'«il ne peut y avoir de zones interdites au Liban», allusion faite aux menaces israéliennes de détruire tout véhicule circulant dans certaines régions suspectées de servir à ravitailler en armement les combattants du Hezbollah. Une sorte de plan orsec est mis sur pied par les Nations unies. Il consiste à «établir des plaques tournantes pour accélérer la distribution de l'aide», et ce, dans certaines villes difficiles d'accès, comme Tyr, Saïda et Tripoli. La voie maritime semble être la plus sûre et la mieux indiquée pour une action efficace. Un ferry «roll-on-roll-aff» a déjà accosté à Beyrouth avec un chargement de produits de première nécessité et de médicaments.