Comme chaque année, L'Expression est l'un des rares journaux algériens à assurer la couverture du Festival de Cannes. Il fait partie des trois principaux festivals cinématographiques internationaux avec la Mostra de Venise et la Berlinale. C'est un rendez-vous prestigieux où se côtoient les plus grands acteurs, réalisateurs et critiques de cinéma. Les Algériens férus du 7e art seront connectés à cet évènement grâce aux reportages du grand journaliste et réalisateur de talent Saïd Ould-Khelifa. Fidèle et proche collaborateur du journal, Ould-Khelifa assure chaque année la couverture de cet évènement artistique planétaire au bonheur des lecteurs de L'Expression. Ce qui semblait friser l'utopie il y a seulement quelques années devient de plus en plus une réalité probante. Et ce n'est pas du fait que le film d'ouverture, «Jeanne du Barry» soit signé par une femme, Maïwenn. Pas seulement. Certes, la parité n'est pas encore atteinte, mais les pas de géants franchis en si peu de temps constitueraient autant de signaux envoyés à la cantonade, annonçant cette avancée. En effet, il y a dix ans, les réalisatrices, en France, ne représentaient que 13% de la Compétition officielle, aujourd'hui, ce chiffre est monté à 33%! Soit sept films sur vingt-et-un, en lice pour la Palme d'or et vingt films sur soixante-six pour l'ensemble de la Sélection officielle, soit 30%. Mieux encore, la totalité des films français de la Compétition sont l'oeuvre de femmes cinéastes! Du reste, les autres sections cannoises se sont elles aussi mises au diapason. La Semaine de la Critique dirigée pour la première fois par une femme, Ava Cahen, se distingue sans conteste, puisque quatre films sur les sept retenus ont été réalisés par des femmes (soit 57%) et c'est un jury à 60% féminin qui devra les partager... Quant à la Quinzaine des Réalisateurs, elle a commencé par elle -même, devenant, dans un souci de mixité, la Quinzaine des Cinéastes En outre, cette année 31% des films retenus ont été l'oeuvre de réalisatrices, soit six films sur dix-neuf! Mais tout n'est pas rose au pays de l'illusion cinématographique puisque sur le terrain, le déséquilibre relevé dénote un énorme décalage entre l'ambition proclamée et la réalité. Sur le terrain, par exemple, sur une décennie, sur les 2876 films réalisés, à peine un peu plus de cinq cents ont été signés par des femmes, avec un budget ne dépassant pas les 3, 5 millions d'euros ce qui signifie une incidence systématique sur les salaires. C'est tout le travail du Collectif 50//50 qui aura permis d'établir des statistiques peu avantageuses. «Il faut garder à l'esprit que plus la carrière des cinéastes avance, plus les 3e, 4e, 5e films sont des privilèges souvent réservés aux hommes et figurent généralement parmi les films les plus soutenus financièrement par les institutions» relève le Collectif 50/50. Mais il y a aussi d'autres chiffres aussi peu reluisants, ceux ayant trait aux disparités devant et derrière la caméra et qui concerne les «diversités ethno-raciales», là aussi «il y a du taf», pour paraphraser une actrice de renom, qui reste consciente de l'abyme qui existe là aussi. Mais ce soir, place à la fête du cinéma qui s'ouvrira avec «Jeanne du Barry» un film de cape et de faits avec Johnny Depp et Maïwenn devant et derrière la caméra. En attendant les oeuvres des «locomotives», comme Wim Wenders, Ken Loach, Marco Bellochio, Aki Kaurismaki et Nanni Moretti qui pourrait constituer une des plus belles surprises de cette soixante-seizième édition cannoise. S'agissant de celui qui fut dans le passé, l'enfant terrible du cinéma italien, Nanni Moretti, ça bruisse de partout et de manière presque dithyrambique. «Le cinéma sauvé par ses oeuvres» déclarait récemment, Thierry Frémaux, le délégué général du festival de Cannes. Du 16 au 27 mai, on aura tout ce temps pour le vérifier...