On aura vu cette rude bataille que se sont livrée les états-majors des formations en lice, chacun en grand vainqueur d'un scrutin sur lequel plane, malheureusement, toujours ce gros point d'interrogation. Les partis ont développé ce discours presque en vase clos, n'étaient ces fièvres épisodiques qui font toujours illusion, pour convoquer aujourd'hui le “mauvais souvenir” dont les relents se sont incrustés dans une campagne plutôt mal inspirée. Car si on trouve quelque passion au débat électoral, celle-ci l'aura surtout été pour ceux qui ont courtisé des voix, qui hurlent ailleurs en désespoir de cause, la détresse de leur quotidien. Et il y a peu de chance de voir, à la faveur du vote d'aujourd'hui, une reconfiguration politique du paysage de nos assemblées locales, tant il est vrai que les candidats, toutes formations politiques confondues, ont péché par un manque flagrant d'imagination. Le FFS a bien voulu cultiver sa différence, autant d'ailleurs que le RCD, Ennahda et le FNA. L'originalité aura ainsi été le grand absent de ces joutes électorales, et même en se découvrant des âmes d'opposants, Ahmed Ouyahia et Abou Djerra Soltani n'ont fait finalement que reconduire un discours, qu'opposent circonstantiellement des commis de l'Etat en réserve de la République, qui font mine de cracher dans la soupe. Des discours qui peuvent s'avérer contre-productifs, particulièrement quand ils se révèlent en décalage d'un débat qui appelle d'autres arguments que des piques à vocation de discrédit. Et en parlant de discrédit, celui-ci aura constitué un fonds de commerce qui sonne désespérément creux, car s'il fait perdre des points à l'adversaire, il n'en fera pas gagner autant à son auteur. En effet, tout le monde parle de mauvaise gestion... Chacun a pris ses distances même ceux qui ont été aux commandes des collectivités locales. Tout le monde est d'accord pour que cela change. Comment ? Mystère et boule de gomme. En tout cas, question bilan de la campagne électorale chaque parti voit midi à sa porte, et promet de bonnes surprises s'il est aux commandes… Et c'est tout. L'essentiel c'est de se faire élire, après on verra ! L'élargissement des prérogatives des APC et des APW et le retour à la gestion décentralisée des affaires locales auront mis tous les partis d'accord. La mobilisation des futurs élus pour une réponse appropriée aux attentes des citoyens également. On peut en dire autant du règlement des questions de l'emploi, du logement, du cadre de vie... Ceci pour dire qu'aucun parti ne s'est vraiment démarqué du lot par des propositions qui ont véritablement prise sur les mécanismes capables de faire évoluer positivement la situation dans laquelle se trouvent les citoyens. En un mot comme en mille, excepté en de rares occasions, le débat électoral n'a pas vraiment accroché. Autant dire que le jeu reste ouvert. Pour Ouyahia, “il est temps de réhabiliter la confiance entre les gouverneurs et les gouvernés en passant par une gestion responsable et rationnelle des problèmes des citoyens. Le patron du RND est confiant. Son parti compte reprendre les rênes de nombreuses APC du pays. Saïd Sadi parle d'usurpation de pouvoir et en veut à mort à l'administration ; il fait étalage de ses craintes quant à la fraude électorale qui priverait son parti de sièges. Sur cette question, Karim Tabou lui a emboîté le pas pour tabler, par ailleurs, sur l'engagement de son parti dans cette course électorale pour les locales à mener un combat aux côtés de la population et au quotidien”. Abdelaziz Belkhadem, quant à lui, préfère mettre en relief les acquis réalisés pour investir dans la continuité. “Le FLN est toujours numéro 1”, un dada pour Belkhadem, lors de cette campagne. Des acquis que Louisa Hanoune a tôt fait de contester. La porte-parole du PT est apparue sûre d'elle et de la victoire dans tous les cas de figure de sa formation à ce rendez-vous électoral. “Nous, nous avons participé pour gagner” dira-t-elle invariablement. Son dynamisme, en effet, peut valoir des points à son parti et tirer son épingle d'un jeu qui ne se présente pas avec de grosses surprises. La hiérarchie sera difficilement bousculée et il est peu probable que les grosses cylindrées se fassent damer le pion par les autres formations politiques, du moins au regard d'une campagne électorale où les leaders des formations politiques en lice ont surtout réussi à faire salle comble grâce à un remarquable travail de mobilisation… de leurs propres militants. Un chamboulement du paysage politique des assemblées locales ce n'est pas pour cette fois-ci. Le FLN et le RND tiennent encore le bon bout en attendant que les autres formations politiques trouvent l'ancrage populaire nécessaire pour déboulonner des formations qui ont appris à être de véritables machines électorales. À croire que c'est leur raison d'être. Zahir Benmostepha