Il renvoie donc dos à dos les acteurs politiques qui font de cette question «technique» l'objet d'un débat. Mouloud Hamrouche a critiqué, hier, les partisans de la prolongation du délai d'application de la Charte nationale. L'ancien chef de gouvernement qui était l'invité de l'université d'été de l'Union nationale des étudiants algériens (Unea), a estimé qu'une telle mesure serait non-productive. Se basant sur le fait que la Charte pour la paix et la réconciliation nationale a occulté le volet politique de la crise qu'a vécue le pays, Mouloud Hamrouche souligne donc l'inefficacité de poursuivre sur une démarche qui, selon lui, était vouée dès le départ à un échec. L'ancien chef de gouvernement qui met en avant la nécessaire réhabilitation de la pratique politique, soutient que la démarche réconciliatrice du président de la République n'aborde que superficiellement le fond du problème en Algérie. Aussi, selon lui, le débat n'est pas dans la prolongation ou pas du délai d'application de l'ordonnance présidentielle. Il renvoie donc dos à dos les acteurs politiques qui font de cette question «technique» l'objet d'un débat qui, de toute façon sera tranché par le chef de l'Etat. A propos de la révision de la Constitution, le conférencier indiquera que, si l'objectif de cette loi fondamentale est de permettre au président d'accéder au troisième mandat, celle-là n'aura tout simplement pas lieu d'être. En fait, la préoccupation de l'ancien chef de gouvernement de Chadli Bendjedid semble être tournée autour de la nécessité de donner à l'Algérie une élite digne de ce nom. C'est dire donc que la conférence qu'il a animée devant les étudiants de l'Unea est d'importance. Dans sa conférence-débat sur le thème ayant trait au rôle de l'université dans le développement social, Mouloud Hamrouche déclarera que la question de l'université est très sensible et primordiale. Ouvrant une parenthèse, il dira: «J'ai senti l'échec de notre système universitaire quand un ancien responsable de l'époque a annoncé publiquement qu'il était près à fermer l'université». Cela, ajoutera-t-il, traduit «une méconnaissance du rôle moteur et majeur de l'université dans le développement social, économique, scientifique et militaire d'une société». Tous ses éléments qui font la force d'un Etat se construisent et se développent au sein de l'université, selon l'ancien chef de gouvernement qui cite, à ce propos, l'exemple des Etats-Unis d'Amérique où le plus grand nombre de spécialistes et experts sont formés dans le socle universitaire. Ils ont d'ailleurs la primauté du plus grand nombre de découvertes scientifiques modernes notamment dans le cadre de la sécurité et du militaire. Poursuivant sur sa lancée, le conférencier soulignera que tous les thèmes intéressant l'individu et la vie d'un Etat devaient être pris en charge par l'université, pour laquelle tous les moyens de l'Etat doivent être mis à contribution. «Il faut rendre l'université aux universitaires par la concrétisation du principe de la dépendance de cette institution qui est le rayonnement et pour la société et pour le gouvernement», soutiendra-t-il. Et d'ajouter: «Deux défis doivent être relevés par l'université algérienne: il faut atteindre le niveau des universités occidentales et faire en sorte à ce que tout problème posé à notre société qu'il soit sécuritaire, économique ou autre, doit être traité et étudié à l'université». Mais, selon le conférencier, c'est la peur qui prédomine et le débat s'en trouve réduit à sa plus simple expression dans notre société se désole Hamrouche, avant de souligner que cette «tétanisation» de la société est derrière les nombreux blocages qui se mettent au travers des rares initiatives positives. Au sujet du conflit israélo-libanais, le conférencier dira, en substance, que la guerre est gérée avec une maîtrise hors du commun. Concernant l'Iran, Hamrouche expliquera que ce pays voudrait, justement éviter la guerre en ambitionnant d'accéder à la technologie nucléaire car c'est elle, paradoxalement, qui dissuade l'ennemi de déclarer la guerre. En conclusion, le conférencier avancera qu'il n'y a pas plus dangereux que l'ignorance quand cette dernière parvient au pouvoir.