La Fifa tient à ce que ses statuts et ses règlements soient respectés par les associations qui lui sont affiliées. La Fifa vient d'invalider l'assemblée générale élective de la Fédération tunisienne de football qui, le 9 août dernier, avait porté Ali Labiadh à la présidence de celle-ci. Il faut savoir que, contrairement à ce qui se fait par la FAF en Algérie, le président de la Fédération tunisienne est élu au sein du bureau fédéral et non directement par l'assemblée générale. Ce Bureau fédéral est composé de 15 membres. 10 d'entre eux sont élus au sein de l'assemblée générale. Les 5 autres sont des experts désignés directement par le minis-tre tunisien de la Jeunesse et des Sports. Ali Labiadh en faisait partie et en tant qu'unique candidat, il a fini par décrocher la présidence de cette fédération. Du reste, dès que le ministre a dévoilé la liste des 5 experts, la presse tunisienne a prédit la consécration de M.Labiadh. Ce dernier vient donc de voir son élection rejetée par la Fifa sous prétexte que le ministère de la Jeunesse et des Sports n'avait pas à désigner directement des experts dans le Bureau fédéral. Pour l'instance internationale, pour que M.Labiadh puisse postuler pour la présidence de la FTF, il aurait fallu qu‘il se fasse élire par l'AG au sein du Bureau fédéral. En somme, la démarche observée jusqu'ici par la FAF, mais une démarche qui va changer puisque les nouveaux statuts de la FAF, mis en conformité avec ceux de la Fifa, n'acceptent plus aucun membre désigné par le ministère. D'ailleurs pour ce qui est des Tunisiens, la Fifa les invite à refaire l'AG selon le principe électif puis à mettre les statuts de la FTF avec les siens. Autant dire que eux aussi «useront» des désignés du ministère des Sports pour la dernière fois. Ce bouleversement dans le processus électif de la FTF montre bien que la Fifa tient plus que tout à ce que ses statuts et ses règlements soient respectés par les associations qui lui sont affiliées. En juillet dernier, la puissante fédération grecque (la Grèce est championne d'Europe des Nations, titre remporté en 2004) avait été suspendue par la Fifa en raison de sa soumission aux dispositions de la nouvelle loi sur le sport dont certaines dispositions sont contraires à celles des statuts de l'instance internationale. Les autorités helléniques n'avaient pas tardé à réagir et le Parlement de ce pays avait fini par voter un amendement à la loi sur le sport qui dit que «pour le football uniquement et pour tout ce qui a trait au fonctionnement et à l'organisation de ce sport, la Fédération grecque de football et ses membres sont autogouvernés par la HFF (fédération grecque) et ses organes, conformément aux statuts et règlements de cette dernière, et conformément aux règlements édictés par l'Union des Associations européennes de football (UEFA) et la Fédération internationale de football association (FIFA), même si des textes contraires sont prévus par la loi 2725/1999 qui s'applique au droit du sport. Les audits pour les sommes que la HFF reçoit de l'Etat, le contrôle de légalité, l'ordre public et la sécurité sont soumis à la compétence exclusive de l'Etat. Avec une telle disposition, la fédération grecque a pu changer ses statuts et les mettre en conformité avec ceux de la Fifa. Actuellement, c'est la Pologne qui a des problèmes avec l'Instance internationale puisqu'une loi sur le sport est en préparation, une loi dont certains textes sont en contradiction avec ceux de la Fifa. Les Polonais, eux, ont préféré jouer la prudence et mettre en avance l'esprit de raison. Ils ont invité les pontes de la Fifa pour qu'ils viennent se réunir avec eux et discuter de la nouvelle loi sur le sport. Les responsables de la Fifa leur ont ainsi fait des remarques et attiré leur attention sur le fait que la nouvelle loi devra tenir compte des textes internationaux, notamment les statuts de la Fifa dont les principes au sujet de l'indépendance des fédérations de football et de ceux des processus de décisions des instances régissant le football dans chaque pays étaient inébranlables. Les autorités politiques polonaises ont promis de faire en sorte que la nouvelle loi sur le sport n'empiète pas sur ces principes. Tout ceci n'est pas sans nous faire rappeler les relations tumultueuses qui existent entre le ministère algérien de la Jeunesse et des Sports et la FAF sachant que le premier exigeait de la seconde qu'elle se mette en conformité avec un décret exécutif né des dispositions de la loi sur le sport. Si la FAF a évité jusqu'à présent de se conformer à ce décret c'est parce qu'elle sait que cela aboutira, inévitablement, à sa suspension à l'échelle internationale, ce qui voudra dire qu'aucune de nos équipes nationales de football et aucun de nos clubs ne pourront prendre part à des compétitions internationales. Le MJS est parfaitement au courant de cela, sinon il y a longtemps qu'il aurait suspendu lui-même les responsables de la FAF. C'est pourquoi il tergiverse avec cette fédération alors qu'il s'est montré très prompt lorsqu'il s'est agi de suspendre les présidents des fédérations d'escrime, d'haltérophilie et de tennis. Le problème est qu'il faudra bien trouver une solution et ne pas rester dans cette situation de blocage. Nous l'avons toujours dit, le salut de notre football ne pourra venir que d'une action commune des pouvoirs publics et de la FAF. Seule une synergie de cette sorte est salutaire pour la discipline. L'intérêt du football algérien est celui de l'Algérie qui a besoin d'une équipe nationale forte bâtie sur une discipline forte entièrement tournée vers la formation et le développement. Ce n'est sûrement pas en cherchant des noises à la fédération que l'on parviendra à trouver une once de solution à ce problème crucial. Du reste, le MJS s'est impliqué plusieurs fois dans le changement de la direction de la FAF, notamment dans les années 1990 où des sommes faramineuses avaient été gaspillées pour l'organisation de nombreuses assemblées générales. Tout ce scénario n'avait servi à rien puisque le football reste en deçà des espoirs placés en lui. Dans les années 1980 grâce à une génération de joueurs comme on n'en retrouve que très rarement, ce football s'était illustré par la participation à deux phases finales de la Coupe du monde (1982 et 1986). Cette génération s'est éteinte en 1990 avec la conquête à domicile du titre africain (CAN) et on n'a, jusqu'à présent, jamais pu la remplacer. Tout cela parce qu'au moment où l'on s'extasiait devant les exploits de Madjer et de ses camarades, on avait complètement oublié de se lancer dans une politique de formation qui aurait permis de renouveler cette élite. Le code de l'EPS de 1976 avait, en ce domaine, été une faillite. Jusqu'à aujourd'hui, on continue à en subir les graves conséquences.