N'en déplaise à certains narrateurs nostalgiques, le boulevard surplombant le port illustre parfaitement l'image du face-à-face de l'éternel duel opposant la mer à la cité. Sur ce noble tableau, d'un éventail de couleurs chatoyantes, figure également la statue de la sainte vierge Marie, trônant majestueusememt sur son piédestal, sur les hauteurs d'Oran. Elle témoigne du merveilleux et prestigieux passé de la cité Sidi El Houari qui n'a rien à envier aux grandes métropoles du monde. L'odorat, devancé par la vue, est agréablement taquiné par l'air iodé embaumant ce long boulevard jalonné de buildings, de crémeries et autres établissements de commerce achalandés où s'épanouit la badauderie. Le mausolée Sidi M'hamed Benaouda, qui agrémente cette toile de haut prestige, délimite à l'est ce balcon dominant le port de la ville que, ni l'érosion et encore moins les mignardises de la nature, n'ont eu raison de lui. Ce grand ouvrage d'art offre au regard contemplatif un panorama époustouflant. En saison estivale notamment, l'essentielle de l'animation des lieux est rehaussée par un rituel va-et-vient de cortèges nuptiaux. Les véhicules, enjolivés pour la circonstance, effectuent un aller-retour dans une ambiance de joie où les youyous font écho aux klaxons. Les gazouillements sans intermittence d'une multitude d'oiseaux migrateurs, nichant sur les palmiers longeant d'un bout à l'autre ce boulevard, ajoutent une note de gaîté à cette ambiance festive annonçant les grandes vacances. La grande affluence de promeneurs, qui y règne durant cette période, est judicieusement exploitée par une faune de petits revendeurs, proposant une variété d'articles de saison. Les candélabres s'illuminent quelques instants après l'apparition de l'étoile du berger, signe précurseur de la tombée de la nuit qui se fixe au-dessus de la mer dans un paysage teinté en pourpre. Le magistral coup de pinceau de la nature adjoint le magnifique à cette aquarelle représentant l'éternel face-à-face d'une ville à la mer.