La commission Chihoub milite pour la création de régions et la suppression des daïras. Le député Messaoud Chihoub, membre de l'instance exécutive et président de la commission juridique du FLN, a plaidé, hier, pour l'élargissement territorial des APC en donnant un statut particulier au Grand-Alger. Il a animé une conférence sur les collectivités locales qui a soulevé énormément de questions de la part des élus locaux ou simples militants du parti. Selon le conférencier, le découpage, tel que conçu, ne peut répondre aux préoccupations des citoyens parce que la question économique et sociale demeure la priorité dans la classification des besoins. Il considère que la source principale des revenus de l'APC doit venir du contribuable. «On se retrouve dans une situation inouïe avec des APC très pauvres et d'autres extrêmement riches», indique-t-il. Ce décalage a mis les maires dans une situation inextricable. «Le problème fondamental des maires n'est pas dans la mauvaise gestion», souligne-t-il, mais dans le découpage, «il est donc d'ordre économique». Les APC ne sont pas autonomes sur le plan économique. Elles sont dans une forme de paralysie ; «elles sont tout le temps dans l'attente de financements de l'Etat» qui prennent un temps fou pour y arriver. Contrairement à la logique bien française -qui fait référence chez nous- l'orateur propose plus d'élargissement des APC pour leur donner plus de ressources de financement et plus d'autonomie. Cela entend un regroupement de plusieurs communes en une seule. Il rappelle que le découpage postindépendance a été fait pour répondre un peu aux «configurations tribales». Le découpage qu'il préconise doit se situer au-dessus du tribalisme et de la simple géographie. L'autre aspect concerne les daïras. Chihoub ne voit pas l'utilité de ces structures intermédiaires qui ont grignoté un peu des prérogatives des APC alors que leurs missions devraient être attribuées aux wilayas qui sont des institutions de l'Etat avec des missions claires. La présence des daïras a subi des nivellements par décrets jusqu'à devenir des mastodontes qui bouffent les communes alors qu'elles ne sont, en réalité, que des «services» rattachés à la wilaya. Le FLN propose la création de régions. Cela implique le regroupement d'un certain nombre de wilayas sous une tutelle pour prendre en charge les grandes infrastructures de l'Etat. Leur mission doit être strictement économique, explique-t-il. Il réfute l'idée de «fédéralisme» comme l'ont proposée quelques partis de l'opposition par le passé. Ces entités ou institutions seront comme une sorte de gouvernement régional doté de prérogatives pour prendre les décisions idoines. Le cas de la capitale a ses particularités. Alger regroupe les institutions de l'Etat, les chancelleries étrangères, les ministères, etc. «Elle doit avoir un statut particulier qui ne ressemble à aucune autre wilaya», suggère-t-il. «Celui qui dispose d'autonomie, dispose de prérogatives», conclut-il pour mieux exprimer le fond de sa pensée. Les intervenants ont unanimement mis l'accent sur les «prérogatives» perdues des maires. Ils ont soulevé le casse-tête des problèmes sociaux et les interférences avec les services de la daïra en matière de distribution de logements sociaux. Une militante élue a lancé un cri de détresse. «Il faut arrêter cette menace permanente de retrait de confiance qui est devenue une pratique courante et brandie comme une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes», lance-t-elle. Rappelons que le FLN a déjà achevé la confection des codes de wilaya et d'APC. Messaoud Chihoub vient de dévoiler les grands axes qui schématisent l'approche du parti mais qui requièrent des modifications dans la Constitution.