La mission de la Finul est-elle de maintenir la paix ou de désarmer le Hezbollah ? Après la guerre de 34 jours, la mission de la force de maintien de la paix au Liban se limitera-t-elle au maintien de la paix, ou ira-t-elle au delà de cet objectif? «Pas question pour les Européens de s´attaquer au désarmement des milices du Hezbollah» explique Kofi Annan, dans sa dernière déclaration. Selon le premier responsable de l'ONU «le désarmement passera par une solution politique qui est du ressort de l'Etat libanais». Une mise en garde qui dénote des suspicions autour du véritable rôle des forces de maintien de la paix au Sud-Liban. Ce qui nous amène à nous interroger: La mission de la Finul (Force internationale des Nations unies au Sud-Liban) est-elle de maintenir la paix ou, au contraire de désarmer le Hezbollah, conformément à la résolution 1559 du Conseil de sécurité, qui prévoit, notamment, «l´organisation d´élections présidentielles libres et justes, où doivent être mises en oeuvre, la dissolution et le désarmement des milices libanaises et non libanaises et l´extension du contrôle du gouvernement sur l´ensemble du territoire, conformément aux lois constitutionnelles libanaises et sans ingérence étrangère.» Ce qui irait au delà de la résolution 1701 portant cessez-le-feu entre le Hezbollah et l'armée israélienne. Ce qui est d'autant plus curieux, c'est qu'après prés d'un mois de silence complice, les pays de l'Union européenne ont été plus prompts à envoyer leurs troupes dans la région. Une force estimée à 7000 soldats, et qui pourrait atteindre, selon les derniers chiffres 8000 hommes. Les «quotas» ont été fixés, à l'issue de la réunion extraordinaire des ministres européens des Affaires étrangères qui s´est tenue vendredi dernier à Bruxelles en présence du secrétaire général de l´ONU. Ce dernier s'est d'ailleurs félicité des efforts européens. Les 3000 Italiens, les 2000 Français, les 950 Espagnols, les 500 Polonais, les 400 Belges ou les 250 Finlandais constitueront la colonne vertébrale de cette force de maintien de la paix. D´autres pays ont choisi de fournir une assistance navale ou aérienne, pour contrôler d´éventuels trafics d´armes, c´est le cas de la Grande-Bretagne, l'Allemagne, ou le Danemark par exemple. En plus de l'impressionnante force humaine dans la région, chaque pays est investi d'une «tâche» qui n'a a priori rien à voir avec une mission de maintien de la paix. Avec la décision de Berlin de participer avec sa marine, «qui pourra intercepter des livraisons d´armes en mer», le Danemark qui va dépêcher trois bâtiments de guerre, Londres qui va fournir des «unités terrestres spécialisées»...et la Norvège qui se dit prête à envoyer quatre vedettes lance-torpilles, il est permis de considérer que le ton est plus à la guerre qu'a la paix. Le partage des rôles est on ne peut plus clair: il s'agit non seulement de faire en sorte que le Hezbollah perde son emprise sur le Sud-Liban, mais surtout baliser le terrain pour Israël, en prévision de ses prochaines éventuelles invasions dans la région. Les bruits de bottes au Sud-Liban va s'amplifiant, sur fond de menaces de Tel-Aviv de reprendre la guerre. Une éventualité confortée par le maintien du blocus aérien et maritime sur le Liban par Israël. Par ailleurs, Israël refuse de se retirer complètement du Sud- Liban, avant la fin du redéploiement de l'armée libanaise et des forces de la Finul et conditionne son retrait à l'application de la résolution 1559 du Conseil de sécurité, notamment son chapitre inhérent au désarmement du Hezbollah. Or, sachant que le Hezbollah est une affaire interne au Liban, le préalable de Tel-Aviv et la mission de la Finul sont une ingérence pure et simple dans les affaires libanaises. Pour sa part, le Conseil de sécurité qui «regrette», que d´autres clauses de la résolution 1559 n´aient pas été appliquées, ne doit pas feindre d'ignorer qu'au moins trois résolutions, notamment la résolution 425 qui enjoint à Israël de mettre fin à son action militaire contre l´intégrité territoriale du Liban et de retirer ses forces de l´ensemble du territoire libanais n'est toujours pas appliquée dans sa totalité (poursuite de l'occupation des Fermes de Chebaa). Cette résolution a été adoptée à la suite de l´opération "Litani" menée par les forces militaires israéliennes en mars 1978 au Sud-Liban dans le but de détruire les positions de l´OLP. Idem pour les résolutions 242 de 1967 et 338 de 1973 appelant Israël à se retirer de tous les territoires arabes occupés, dont le Golan syrien et les territoires palestiniens non encore appliquées par l'Etat hébreu.