Première photo de famille recomposée: le président français Emmanuel Macron, après avoir mis fin jeudi au suspense du remaniement de son gouvernement, a réuni hier matin un ultime Conseil des ministres à l'Elysée avant la pause estivale, avec huit nouvelles têtes. Les traditionnelles passations de pouvoir entre les sortants et leurs successeurs ont scandé la matinée d'hier. Il s'agira, selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran, de présenter ce «gouvernement renforcé», et peut-être, évoquer la situation du pays secoué ces derniers mois par la forte contestation d'une réforme des retraites puis des émeutes suite à la mort d'un jeune tué par un policier lors d'un contrôle routier. Si plusieurs ministres issus de la société civile quittent le gouvernement, les poids lourds régaliens (Intérieur, Justice, Finances, Armées...) restent. Onze portefeuilles sur 41 changent certes de titulaires, mais le gouvernement conserve son architecture globale. Au ministère de la Santé où François Braun, médecin-urgentiste, va laisser sa place à Aurélien Rousseau, invité-surprise de ce remaniement qui aura dépassé le simple «ajustement» annoncé par le sommet de l'exécutif. Désormais chargé d'un chantier phare du deuxième quinquennat Macron, M. Rousseau, l'ex-directeur de cabinet de la Première ministre Elisabeth Borne, est un spécialiste des politiques de santé. Ce haut-fonctionnaire va devoir sortir de l'ombre, un pas depuis longtemps franchi par l'autre grand gagnant de la manoeuvre: Gabriel Attal, promu à 34 ans seulement de l'austère ministère des Comptes publics à celui de l'Education. Il a dès jeudi soir pris le relais de Pap Ndiaye, en se fixant comme objectif de «remettre le respect de l'autorité et les savoirs fondamentaux au coeur de l'école», et en insistant notamment sur le «respect de la laïcité». Hier à la table du Conseil des ministres quelques bizuths, comme le nouveau dépositaire du Budget Thomas Cazenave, ou encore Aurore Bergé, cheffe du groupe de députés présidentiel devenue ministre des Solidarités. Au final, après d'intenses tractations entre une Première ministre désireuse de changements, et un président plus enclin à la stabilité, a été constituée une équipe légèrement plus aguerrie politiquement, le nombre de ministres ou secrétaires d'Etat n'ayant jamais été élus passant de 13 à 9, soit la proportion la plus basse du mandat Macron. L'entourage du chef de l'Etat a fait savoir que «sur chacun de ces portefeuilles» touchés par le remaniement «il s'agit soit d'avoir une incarnation plus forte, soit une capacité à mettre en oeuvre les réformes avec plus de rapidité et d'efficacité». Macron a promis de dresser d'ici dimanche son propre bilan des «100 jours», décrétés le 17 avril afin de trouver un débouché à la crise des retraites. Parmi les chantiers envisagés alors: dessiner un nouveau «pacte de la vie au travail» ou encore «renforcer le contrôle de l'immigration illégale». Mais entre-temps, la France a été secouée par plusieurs nuits d'émeutes urbaines, consécutives à la mort du jeune Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d'un contrôle routier, et dont le président a également promis de tirer les conséquences après un «travail minutieux». En confirmant le maintien d'Elisabeth Borne à Matignon en début de semaine, l'Elysée avait d'ores et déjà indiqué que le chef de l'Etat comptait «préparer la rentrée en rappelant le cap clair qui est le sien et en rassemblant fortement après cette période». Le principal problème d'Emmanuel Macron n'a toutefois pas évolué: son gouvernement ne dispose toujours pas de majorité à l'Assemblée nationale et les oppositions ne sont pas prêtes à le rejoindre. Il est attendu en début de semaine prochaine en Océanie pour une visite en Nouvelle-Calédonie, au Vanuatu, et en Papouasie-Nouvelle-Guinée.