Lors de la conférence de presse animée par Ziani Cherif Ayad au TNA en prévision des Rencontres du théâtre national qui ont débuté hier pour s'étaler jusqu'au 11 février, une multitude de points ayant trait à la gestion du secteur du théâtre a été soulevée, parfois suggérée. De l'état du théâtre national, un constat en filigrane est passé ; en opposant les moeurs du spectacle outre-Méditerranée à l'activité théâtrale résiduelle et dispersée qui subsiste dans le pays, un réel sentiment de distance s'est imposé. L'Année de l'Algérie en France, à la source de ces Rencontres, n'a été évoquée que comme acteur de second plan. Pour celui qui doit gérer le théâtre national, cet événement n'est rien d'autre qu'une marche vers une tentative de reconstitution de notre théâtre. Une marche qu'il ne faut pas rater. L'Année de l'Algérie en France, un événement qui s'attire beaucoup de médisances, est perçue comme une manifestation de grandiloquence mal placée, le but étant de montrer en terre étrangère une culture dont, ici, les gens sont mal rassasiés. Une certaine culture. Pour ce faire, une véritable centrale de renseignements culturels a été mise en place et est chargée de repérer et de réanimer les différents acteurs qui s'obstinaient dans une sorte de coma à perpétuer une activité qu'une grande partie d'Algériens a désertée. S'ensuit alors un petit électrochoc, à coups de dizaines de milliers de dinars. Certains secteurs ont plus que d'autres répondu à ces premiers coups de manivelles par une aspiration de retour à la vie. D'autres semblent mal partis, trop empêtrés dans les vicissitudes qui les ont minés jusque-là. Ce sont les arts scéniques qui, apparemment, montrent les signes d'une convalescence encourageante. Pour Ziani Cherif Ayad, et en ce qui le concerne, les efforts consentis en hauts lieux pour l'Année de l'Algérie en France ont, jusque-là, eu le mérite de servir substantiellement le théâtre. Un recensement, quoique non exhaustif des différentes troupes et associations théâtrales nationales, a pu être fait. Une première étape. Des productions ont été relancées et des projets attendent une chance d'être montés. Pour ces derniers, une sélection «impartiale» est là pour les départager, «assure» le directeur du département Théâtre et danse au commissariat algérien de l'Année de l'Algérie en France. Il reste que des aspects de la création théâtrale demeurent dans l'ombre. A leur tête, une création littéraire qui a, depuis longtemps, déserté l'écriture scénique pour se consacrer au roman et à la nouvelle, des créneaux bien plus gratifiants. «Une crise», c'est ainsi que le directeur du TNA qualifie la situation. Réconcilier des auteurs avec le théâtre est une entreprise d'une autre portée sur laquelle le théâtre devra plancher tout seul. Des ateliers d'écriture pourraient voir le jour au sein du TNA. Le cercle El-Adjouad, un espace dont on voudrait voir émerger un nouveau théâtre à la mesure d'un public reconfiguré, réussira-t-il à fédérer des plumes?