Le nouveau directeur du Théâtre national algérien, M.Ziani Cherif Ayad, a convié, samedi, la presse pour lui faire part de ses intentions quant à la gérance de cette institution qui, malgré la bonne foi et le dévouement qui animent les gens du théâtre, n'arrive toujours pas à se mettre sur les voies d'une dynamique porteuse. Sous l'intitulé «Demain... le TNA», Ziani Cherif a présenté un document de trois pages dans lequel il expose le fruit d'une série d'entretiens et de concertations avec l'ensemble de la communauté du TNA et des spectateurs avertis. Pour rappel, M.Ziani Cherif Ayad a été nommé par le ministère de la Culture et de la Communication à la tête du Théâtre national algérien, le dix septembre dernier, en même temps que l'actrice Sonia à la direction de l'Institut national des Arts dramatiques de Bordj El Kiffan. Des nominations qui avaient eu un écho favorable dans les rangs des amoureux du quatrième art, Ziani et Sonia justifiant d'un parcours artistique qui leur vaut tout le respect de la profession. Pour revenir à la conférence de presse, le nouveau directeur du TNA a d'ores et déjà dégagé son plan de campagne, car c'est réellement une campagne qu'il cherche à mettre en branle. Le programme porte sur six axes. La production, premier volet, sans doute l'aspect le plus important de l'acte de gestion de l'institution théâtrale, retiendra toute l'attention du nouveau directeur. En effet, c'est grâce à la définition d'une ligne éditoriale que le Théâtre pourra insuffler une âme à son action et donner un timbre cohérent et lisible à sa démarche artistique. Pour cela Ziani Cherif donne sa version de la production théâtrale du TNA. Il existe essentiellement trois répertoires de textes que le TNA voudrait voir sur les planches. Si le répertoire universel demeure un choix incontournable, il est de rigueur de veiller au bon niveau de la traduction, que ce soit sur le plan linguistique ou de la transposition des oeuvres selon les critères d'acception d'un public algérien. Un exercice qui fait appel, pour les metteurs en scène, souligne Ziani Cherif, à des approches modernes et innovantes. Reste le très épineux, répertoire national et ce que le directeur a appelé «les nouvelles créations» Faire l'inventaire de la production nationale est, cela va de soi, un impératif à la réhabilitation de notre culture théâtrale. Reste que cette entreprise fait appel à l'implication de différents acteurs qui ne sont pas spécialement du ressort du TNA. Existe-t-il une réelle concertation entre le TNA et des organismes qualifiés? La difficulté première réside dans la transposition des productions nationales de l'oral à l'écrit. Pendant longtemps, l'écriture des pièces ne se faisait qu'à la condition que les textes soient ou en arabe académique ou en français. Or, la majeure partie de notre répertoire est d'expression dialectale. A cela vient s'ajouter d'autres contraintes qui se posent avec acuité. «Il existe un théâtre algérien avec son identité et ses chercheurs», soutiendra le directeur du TNA qui voudrait voir les différentes figures du quatrième art algérien portées sur scène dans des productions innovantes. Il nous en donnera un avant-goût en nous parlant de pièces en chantier qui mettront «les pères de notre théâtre» face à leur cité: Rouiched et la Casbah, Alloula et Oran, Kaki et Mostaganem, Dib et Tlemcen, Kateb Yacine et Sétif. Pour ce qui est des nouvelles créations, le théâtre souffre d'une désertion des plumes qui vont vers l'écriture romane, bien plus valorisante. Le théâtre n'offre, à cause du manque de production, aucun écho et les auteurs, même s'ils affectionnent l'écriture de pièces, savent qu'ils ne trouveront aucun débouché à leurs efforts. Ziani Cherif Ayad voudrait rétablir le contact avec les gens de la plume à travers un travail de sensibilisation qui inclura des expériences collectives, la mise en place d'ateliers d'écriture parrainés par des auteurs de théâtre reconnus et même l'intégration des auteurs dans des collectifs artistiques. Programmation et diffusion, un autre créneau sur lequel le TNA a longtemps buté. Pour Ziani, «un théâtre qui n'est pas en mesure de fournir un programme annuel de représentations est un théâtre malade... Pour réhabiliter les réflexes d'un théâtre professionnel, le TNA doit dorénavant proposer au public des rendez-vous fixes» Le directeur propose de revenir à l'CAP de la programmation et remet au goût du jour celle dite «saison théâtrale». Celle-ci comprendra des créations et des troupes invitées. Des journées inamovibles de représentations ont été fixées. Ce seront le lundi à partir de 15h, avec des spectacles destinés aux enfants, le mercredi et jeudi à partir de 19h et le vendredi à 15h pour tout public. Les nouvelles créations seront sur les planches du TNA durant un mois, soit 12 représentations. Les troupes invitées auront à se produire pendant une semaine à chaque visite et donneront ainsi trois représentations. La musique a, elle aussi, sa place dans la programmation de Ziani. Les mercredis de la musique, une opération qui vise à renforcer la pluralité du programme du TNA et la récupération d'un autre type de spectateurs, engloberont quatre genres majeurs de musique, à savoir la musique andalouse, la musique universelle, la musique populaire algérienne et la musique populaire mondiale. Le TNA dispose, en plus de la grande salle, d'un petit studio au dernier étage de l'établissement d'une capacité de 120 places. Le studio sera ouvert aux nouvelles expériences des collectifs artistiques et des jeunes metteurs en scène qui voudraient tester leurs travaux ou prendre part aux ateliers que dirigeront des metteurs en scène algériens ou étrangers. Les activités annexes, un autre volet de la vie culturelle que Ziani voudrait rétablir. Elles consisteront en des espaces de réflexion et de débats qui permettront la rencontre entre des professionnels de l'art et de la littérature en présence du public. Il est prévu l'ouverture de la cafétéria qui se trouve au deuxième étage de l'établissement, sous la dénomination de «Café El Djaouad». Elle abritera tous les jeudis à 15h un débat avec le public autour d'un ouvrage en présence de l'auteur avec la complicité d'associations culturelles et de maisons d'éditions. Une librairie spécialisée du nom de «Nedjma» sera ouverte dans le hall du rez-de-chaussée. Ziani Cherif Ayad, voudrait, comme une dernière volonté, «dépolluer les alentours de tous les parasites... trafiquants de devises et de voitures qui exercent publiquement des activités néfastes» Si cette entreprise semble pour le moins ardue, elle devrait susciter une réflexion sur la sécurité des alentours du TNA. En effet, les représentations nocturnes font encore peur au public.