La crise dans laquelle est plongé le Niger au lendemain du putsch qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum continue de susciter des vagues non seulement en Afrique mais également dans le monde. Hier, les auteurs du pustch ont haussé le ton pour mettre en garde contre «toute intervention militaire étrangère», dans un nouveau communiqué lu à la TV nationale. «Certains anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières, sont dans une logique de confrontation», dit le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) qui pointe «une attitude belliqueuse, dangereuse et périlleuse» qui «n'aura d'autre résultat que le massacre de la population nigérienne et le chaos». Avec ce texte, les militaires veulent «prendre à témoin» l'opinion nationale et internationale «sur les conséquences qui découleront de toute intervention militaire étrangère» tant il semble que, dans la confusion, le rôle des soldats français toujours présents dans le pays contribue à l'inquiétude générale. Le chef du CNSP, le général Abderrahmane Tchiani, également patron de la Garde présidentielle qui avait lancé le putsch en séquestrant le chef de l'Etat Mohamed Bazoum auquel l'armée demandait une démission en bonne et due forme, est apparu à cette occasion à la télévision, confirmant que l'opération concerne bien l'ensemble de l'armée nigérienne et non pas seulement la Garde présidentielle comme cela avait été annoncé au tout début de la manoeuvre. Le fait est que la situation qui prévaut dans toute la région sahélienne où les groupes terroristes, en général, et ceux qui se revendiquent d'Al Qaïda et de Daesh, en particulier, n'ont pas cessé de monter en puissance depuis ces dernières années ne pouvait pas ne pas avoir de retombées sur le Niger, ultime ilôt où les forces étrangères ont trouvé refuge, après avoir été déclarées non gratae par le Mali et le Burkina Faso. Seul le Niger a conservé ses liens politiques et militaires avec les pays occidentaux, et notamment la France, alors que la population en général partage dans toute la région sahélienne un ressentiment manifeste contre une présence militaire qualifiée à la fois de stérile et de néocoloniale. Avec ses 1500 soldats présents à Niamey et dans ses environs, la France a fait du Niger, au lendemain de son départ contraint et forcé du Mali puis du Burkina, le pivot du dispositif militaire dans le Sahel. Cette force est, cependant, appuyée par un autre contingent présent au Tchad. Les forces françaises ont occupé les pays précités pendant neuf ans au motif qu'elles apportaient une aide précieuse dans la lutte contre les groupes terroristes mais le bilan est jugé globalement négatif par les peuples de la région, de sorte que les manifestations ont crû et obtenu la fin de l'opération Barkhane en 2022. Depuis, les effectifs de l'ancienne puissance coloniale ont chuté dans tout le Sahel, passant de plus de 5000 à 4500, puis 2500 dont 1500 au Niger et 1000 au Tchad. De simple pays de transit, le Niger est devenu depuis une place forte qui accueille en permanence les 1500 militaires évoqués, cinq drones Reaper et trois avions de chasse Mirage. Le partenariat de combat y semble néanmoins compromis, comme il le fut au Mali et au Burkina.