La difficulté dans l'acheminement des aides, en raison de l'embargo, rend difficile la situation humanitaire. Les syndicats arabes sont à l'heure de la solidarité avec le peuple libanais, qui vient de sortir d'une guerre dévastatrice. La conférence internationale des syndicats arabes qui s'est tenue, hier à Beyrouth, en présence de pas moins de 140 délégués, représentant une vingtaine de pays, s'est voulue une occasion pour, d'une part, sensibiliser l'opinion publique internationale, à travers les organisations syndicales, de l'ampleur de la tragédie et initier par là même des actions concrètes de solidarité avec les populations du Sud-Liban. Mardi dernier, les délégations syndicales s'étaient rendues dans les principales villes sinistrées et complètement anéanties. De Maroun Erras à Sour, en passant par Mardjaoun et Bint Jbeil, la situation est la même. Un décor apocalyptique, qui laisse croire qu'un séisme est passé par là. Des immeubles et quartiers résidentiels, dont la plupart étaient inoccupés, sont réduits en amas de pierres et de gravats. Tels des châteaux de cartes, les bâtisses se sont effondrées faisant des dizaines de morts, des centaines de blessés et près de 900.000 déplacés. Sur place, la population est livrée à elle-même. La difficulté dans l'acheminement des aides, en raison de l'embargo terrestre et maritime que continue d'imposer Israël à l'Etat libanais, rend difficile la situation humanitaire. Les quelques actions de solidarité ponctuelles initiées par les mouvements associatifs et les comités caritatifs locaux du Hezbollah ne suffisent par pour satisfaire les besoins pressants des populations. A quelques jours de la rentrée des classes, les parents s'inquiètent pour la scolarité de leurs enfants, sachant que plus de 80% des infrastructures ont été anéanties. «J'ai perdu toute ma famille, et je dois vendre des bonbons et des cigarettes pour survivre», nous confie Hatem, un enfant de 10 ans, rencontré à la frontière syro-libanaise et contraint de fuir son village natal (Maroun Erras), rayé de la carte par la machine de guerre israélienne. L'ampleur des dégâts est immense, au point que la population se voyant livrée à elle-même tente d'effacer les «séquelles» de la guerre en initiant des actions spontanées. Les bénévoles sillonnent les zones sinistrées pour reconstruire les infrastructures d'utilité publique détruites et assister les autorités dans leur plan de réhabilitation de certaines structures éducatives, sanitaires et administratives «récupérables». Pour le moment, l'action prioritaire est l'implantation de salles de classes préfabriquées pour sauver la prochaine rentrée scolaire. Transformées en véritables villes fantômes, les principales villes du Sud-Liban n'ont que les yeux des quelques rescapés pour pleurer leurs enfants et leurs martyrs, dont les portraits sont placardés à l'entrée et dans chaque artère de la ville. Il reste, comme l'a si bien exprimé M.Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Ugta et qui préside la délégation algérienne, que les discours n'ont jamais servi à quelque chose, seul le sursaut des peuples et de la société civile, arabes, sont à même de mettre un terme aux souffrance des peuples libanais et palestinien. D'ailleurs, lors de son intervention, le secrétaire général de l'Union des syndicats arabes avait lancé un appel pressant aux Etats arabes pour contribuer à la reconstruction du Liban. «Si chaque pays construisait un quartier des zones sinistrées, la crise serait vite contenue.» Pour le moment, les besoins sont estimés à près de huit milliards de dollars.