L'ancien chef national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat est devenu plus prolixe au fil des jours et tente d'amarrer son ancienne organisation à la réconciliation nationale. Dans un communiqué parvenu à notre rédaction, l'ancien chef du Gspc fait l'éloge de l'offre de paix proposée aux groupes armés par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et appelle ses anciens compagnons d'armes à déposer les armes. Si ce communiqué est le troisième du genre diffusé par Hassan Hattab en l'espace de quelques mois, il a le mérite de démontrer l'entêtement de l'homme à pousser ses anciens compagnons vers une issue pacifique en tentant d'amarrer son ancienne organisation à la réconciliation nationale. Signant toujours ses communiqués par son ancien titre d'émir national du Groupe salafiste pour la prédication et le combat, il offre une lecture sereine d'une guerre qui n'a plus raison d'être et après être passé maître dans «l'art du combat» (titre d'un de ses écrits dans les maquis), il se pose désormais en champion de la réconciliation. Pour certains, ses communiqués posent problème plus qu'ils n'en résolvent, dans la mesure où, après avoir manifesté son choix pour la paix, il diffuse un communiqué qui stigmatise les formes dans lesquelles est proposée la réconciliation nationale, affirmant qu'il reste toujours en armes et dans les maquis, mais ouvert à toute nouvelle proposition, avant, finalement, de faire les louanges de la paix et de la réconciliation nationale. Le communiqué dément, d'un côté que Hattab ait quitté ses maquis et affirme qu'il s'y trouve encore, et de l'autre, il confirme qu'il ne déposera les armes «que lorsque sera concrétisée une véritable réconciliation nationale». Donc, il ne rejette pas le principe de la paix, mais proteste contre les formes actuelles de la réconciliation et exige des autorités davantage de flexibilité et concessions envers les islamistes. Cependant, on peut aisément y déceler des stratagèmes destinés à garder un minimum de crédibilité auprès de ses anciens alliés afin d'en rallier le maximum à sa nouvelle cause. Car il faut bien se dire que les services de sécurité ne gagneraient que peu de choses avec sa seule reddition, alors que, s'il trouve écho auprès de ses anciens compagnons, il pourra saigner le Groupe salafite à mort. Voilà en fait, où veut en venir Hattab pour sortir de l'impasse dans laquelle il se trouve. Et là, le débat se situe hors de l'investigation et de l'analyse pour plonger en plein centre du texte hiératique, dans lequel se trouvent les chefs actuels du Gspc, où les ultras l'ont définitivement condamné après les contacts qu'il avait établis avec les autorités. Loin des maquis, Hattab avait des contacts avec des chefs politiques de l'ex-mouvance du FIS, comme Ali Benhadj, et là aussi, les choses ont plutôt mal tourné, ces derniers lui ayant fait entendre qu'il avait, seul, établi les contacts, seul, négocié, et qu'il devait, de ce fait, en assumer seul les effets. En termes clairs, ils lui reprochaient ouvertement d'avoir tout concédé «au dinar symbolique» et d'avoir mal négocié sa trêve, et aussi que, au vu des yeux doux que le président lui faisait dès sa première investiture, en avril 1999, il a raté une occasion en or d'aider ses anciens chefs politiques, tous soumis à des restrictions politiques draconiennes. Cette impasse a débouché sur une première de la part de Hattab, qui avait menacé de rejeter en bloc l'offre de paix si les autorités ne faisaient pas preuve de plus de réalisme dans leurs négociations avec les groupes armés et les chefs politiques de la mouvance islamiste. Hattab avait pourtant joué «à l'aise» avec les autorités depuis le fameux «Monsieur Hattab» lancé par Bouteflika, à l'endroit du chef du Gspc, et qui avait fait jaser le clan des éradicateurs, lesquels, par journaux interposés, avaient taillé en pièces le président, l'accusant de faire le jeu des terroristes. Mais, aujourd'hui, on peut dire que Hassan Hattab, un des plus anciens chefs islamistes qui avaient pris les armes dès le début 1992, ne fait plus partie des chefs terroristes et essaye dans les délais et les minces marges de manoeuvre qui lui restent, à user de tout son charisme de chef historique et fondateur du Gspc pour convaincre, au moins, quelques dizaines à déposer les armes. Les dernières critiques émises par Hattab à l'endroit de la Charte pour la paix avaient dérouté plus d'un. Mais il est tout à fait compréhensible que l'ancien chef de guerre se donne de la consistance en critiquant les lacunes de la réconciliation. S'il veut encore rester, un tant soit peu, crédible vis-à-vis de ses anciens compagnons, le minimum est de ne pas donner l'illusion d'être devenu un pantin désarticulé aux mains des autorités. D'autant plus que la direction actuelle du Gspc, dominée par les ultras, l'avait, coup sur coup, condamné d'abord à la prison, s'il tombait entre les mains de l'organisation, puis condamné à mort. Aujourd'hui, la situation veut qu'il doit se montrer crédible et jouissant, encore, d'une certaine autonomie bien qu'il soit en trêve, afin de peser sur ses anciens compagnons.