Evènement majeur dans la marche de la Révolution algérienne, la proclamation du Gpra, était la concrétisation d'une décision prise lors du congrès de la Soummam. Réuni en août 1958 au Caire, le Conseil national de la Révolution algérienne (Cnra), a préconisé, dans ses résolutions, la création du Gpra, concrétisée un an plus tard, par le Comité de coordination et d'exécution (CCE). Le 19 septembre 1958, par une conférence de presse tenue au Caire, Ferhat Abbas, annonce la dissolution du CCE et la création du Gpra (Gouvernement provisoire de la République algérienne), tandis que Krim Belkacem l'annonce à Tunis. La Présidence est confiée à Ferhat Abbas alors que Krim Belkacem, le seul rescapé des neuf historiques, devient vice-Président avec en outre le titre de ministre des Forces armées. La composition établit un savant dosage entre politiques et militaires. Les dirigeants du FLN emprisonnés depuis l'interception de leur avion en octobre 1956 sont officiellement membres du Gpra. Si l'objectif annoncé était le parachèvement de la mise en place des institutions de la Révolution, la Constitution de ce Gouvernement provisoire avait permis à la Révolution algérienne de franchir un nouveau stade. Ainsi, cet évènement a mis les autorités coloniales, qui prétendaient ne pas avoir d'interlocuteur pour négocier, devant le fait accompli. Le premier acte diplomatique du Gpra est de dénoncer dès le lendemain de sa création, à l'ONU, le référendum annoncé par le général de Gaulle. Pour commémorer cette date, une cérémonie a été organisée, hier, au siège du ministère des Affaires étrangères en présence du ministre des Moudjahidine, d'ambassadeurs et de haut cadres de l'Etat. «Cette proclamation a fourni une couverture légale à la lutte armée au niveau international et a contribué à résoudre les problèmes de coordination entre les différentes Wilayas historiques, leur permettant de marcher dans la même direction», a soutenu dans une allocution, Mohamed Meziane, directeur de la communication au ministère des Affaires étrangères. Intervenant lors de cette conférence, le ministre des Moudjahidine et des Ayants-droit, Laïd Rebiga a pour sa part, souligné que les positions de la diplomatie algérienne, sous la conduite du président de la République, Abdelmadjid Tebboune et grâce à sa réputation, son expérience avérée et son image de marque «jouit, aujourd'hui, du respect de la communauté internationale, pour ses engagements en faveur des causes justes et le lancement d'initiatives pour la résolution des différentes crises». Tranche d'Histoire Pour montrer en effet que le but de la création du Gpra était d'unifier les rangs et parler d'une même voix, Mohamed Ghafir dit Moh Clichy nous a fait part de cette déclaration, très peu connue, remise par la direction du Gpra à tous les prisonniers en France et qu'ils doivent décliner sans sourciller devant les tribunaux: «Déclaration faite devant le tribunal de la Seine, le 8 octobre 1958» Monsieur le président, Nous sommes des Algériens, à ce titre, nous n'avons fait que notre devoir au service de la révolution de notre peuple. Nous nous considérons comme des soldats qui se battent et savent mourir pour leur idéal. Ainsi, nous faisons partie intégrante de l'Armée de Libération nationale. Nous avons des chefs à qui nous devons obéissance. Nous avons un gouvernement, le Gouvernement provisoire de la République algérienne (G.P.R.A), que nous reconnaissons seul capable de nous administrer sa justice. Nous déclinons ainsi la compétence des tribunaux français. Quel que soit votre verdict, nous demeurons convaincus que notre cause triomphera, parce qu'elle est juste et parce qu'elle répond aux impératifs de l'histoire. Face à ce tribunal, à la mémoire des martyrs algériens morts pour la libération de leur patrie, nous observons une minute de recueillement. Garde-à-vous! Vive l'Algérie libre et indépendante! Vive le Front de Libération nationale et son A.L.N!