Le directeur de la Coopérative des céréales et des légumes secs (Ccls) de la wilaya de Bouira aborde dans cet entretien la prochaine campagne labours semailles. Il revient également sur d'autres questions qui agitent le monde de l'agriculture, notamment le niveau de production et les capacités à approvisionner le marché. L'Expression: La campagne labours semailles est dans une semaine ou deux. Malgré la sourde inquiétude qui pointe chez les agriculteurs, la directrice du secteur agricole, avec laquelle nous venons de nous entretenir brièvement, car elle sortait pour une réunion à la wilaya, est confiante dans la nouvelle année et dans le soutien de l'Etat aux agriculteurs. Partagez-vous cet optimisme? Fakhredine Dima: Absolument. Non seulement nous avons assez de semence pour couvrir tous les besoins de la wilaya, mais également ceux des wilayas limitrophes, comme Tizi Ouzou, Djelfa ou autre. Je peux même dire que nous avons fait mieux que les années précédentes. Cette année, nous avons atteint un taux d'usinage de 150%. Mais qu'est-ce que un taux d'usinage? Vous savez, quand la récolte atterrit chez nous en fin de saison, elle contient beaucoup de déchets. L'opération d'usinage consiste à la faire passer dans différents tamis pour la débarrasser de ces impuretés. Le grain, après cette opération, est plus pur. Il ne reste plus qu'à l'envoyer au labo Oncc d'El Harrach pour homologation. Ainsi purifié de ses scories et agréé par le labo, le grain devient une semaine après prêt pour l'emploi auquel il est destiné. Et je le répète, cette année, nous avons fait mieux que toutes les années précédentes. La directrice du secteur agricole dit que vous avez assisté à la réunion qui s'est tenue, dimanche dernier, au ministère. Quels sujets ont été abordés au cours de cette rencontre? Les légumineuses et la semence sont parmi d'autres sujets ceux qui tiennent le plus à coeur, au Président et au ministre en cette saison: les légumes secs qui constituent l'alimentation de base de nos concitoyens et dont la montée en flèche des prix a mis à mal leurs portefeuilles et nos agriculteurs qui, après cette catastrophe qui a détruit une grande partie de nos champs, se sentent un peu désemparés. C'est pourquoi, le président de la République comme le ministre de l'Agriculture ont longuement insisté sur la disponibilité et des légumes secs et de la semence pour la prochaine campagne labours semailles. Notre réaction, en constatant cette distorsion sur le marché de nos produits avait été, dès le mois d'août, de suspendre toute livraison de ces produits aux grossistes. Cette relation ne se normalisera que lorsque la direction du commerce, à qui sera confiée cette mission exercera un contrôle rigoureux auprès de nos partenaires commerciaux. En attendant, nos points de vente qui couvrent une grande partie de la wilaya continueront à fonctionner et notre souci est qu'elle soit correctement approvisionnée en ces produits. Ainsi, appliquant à la lettre les deux instructions du Président et du ministre, nous attendons la suite des évènements en toute tranquillité. Comment la situation se débloquerait-elle si de nombreux agriculteurs qui attendent toujours une indemnisation de leur production détruite, s'avèreraient insolvables par rapport à la fourniture de cette semence? La décision ne se prend pas à mon niveau. Je suis sûr qu'elle arrivera toujours assez tôt pour que cette année se passe de la meilleure façon qui soit. Un des mots du ministre, lors de cette réunion a été de nous tenir aux côtés de nos agriculteurs. Et nous nous conformerons strictement à cette consigne. Nous sommes un organisme de l'Etat. Tout ce que nous possédons, semence et autre, est à l'Etat. Nous ne faisons que suivre les ordres de façon à satisfaire la demande. Vous disposez aussi d'un parc de machines agricoles important. Cela aussi, vous le mettez au service des agriculteurs? C'est de cette façon que nous comprenons les instructions émanant des autorités dont nous dépendons. Il y a deux catégories de producteurs: il y a ceux qui ont les moyens financiers et qui peuvent payer nos services, et ceux à qui nous pouvons faire confiance et à qui nous faisons crédit. Cette catégorie est composée essentiellement de multiplicateurs. Ceux-là payeront ces services quand ils amèneront leur prochaine récolte. Il s'agit d'encourager la production de semence.