Tout feu tout flamme ! Le pétrole algérien s'«envole». À 96,33 dollars, selon la dernière cotation du site spécialisé « Oil Price », datée du 19 septembre, il aura connu une progression de près de 10 dollars en un mois. Le Sahara Blend est même mieux placé que les deux autres références (européenne et américaine) du marché mondial de l'or noir pour toucher la barre psychologique des 100 dollars. Les prix du pétrole coté à Londres et à New-York donnent l'impression de vouloir souffler après avoir atteint des sommets depuis novembre 2022. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre s'échangeait à 93,65 dollars, hier, à 12h50 cédant au passage 69 cents. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en octobre reculait pour sa part de 70 cents pour pointer à 90,50 dollars. Quel est l'origine de ce coup de pompe ? Les cours de l'or noir reculaient, hier, sur des prises de bénéfices, les investisseurs se montrant prudents avant la décision de politique monétaire de la Fed, qui pourrait avoir des conséquences sur la croissance du pays et donc sur sa demande en brut, indiquait-on. Le « contexte favorable aux prix, à savoir les craintes d'un fort déficit de l'offre à la fin de l'année, est relégué au second plan car l'attention se porte sur la Fed (Réserve fédérale américaine, ndlr) et son approche de la lutte contre l'inflation », expliquait Tamas Varga, de PVM Energy. L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a prévenu s'attendre à un déficit d'offre par rapport à la demande mondiale plus vu depuis 2007. L'Opep avait, en effet, estimé qu'au quatrième trimestre, la demande pourrait dépasser l'offre de brut de 3,3 millions de barils. Ce qui représenterait une première depuis 16 ans. La demande mondiale augmentera de 2,25 millions de barils par jour en 2024, légèrement en dessous de la croissance prévue de 2,44 millions pour l'année 2023, selon le dernier rapport mensuel de l'Opep publié le 12 septembre dernier. Une «donne » mise en veilleuse pour le moment. La réunion de politique monétaire de l'institution financière américaine a débuté mardi et se poursuivait, hier, avant l'annonce de la décision à 18h00 GMT, et un discours du président de la Fed Jerome Powell dans la foulée. Les investisseurs attendent également la publication de l'état des stocks hebdomadaires commerciaux américains par l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA) pour la semaine achevée le 15 septembre. En attendant le verdict de ces deux organismes, le Sahara Blend, référence du pétrole algérien qui n'a certes pas encore intégré ces éléments se rapproche irrésistiblement des 97 dollars. Un niveau, qui représente près de 37 dollars de plus que celui qui a servi de calcul à la loi de finances du pays, confectionnée sur la base d'un baril à 60 dollars. Un nouveau jackpot pour l'Algérie ? Cela semble tout à fait probable même s'il ne s'annonce pas de la même ampleur que celui de 2022 où il avait atteint les 60 milliards de dollars. Il faut souligner en effet que les cours de l'or noir sont bien loin des niveaux de ceux qu'ils avaient atteints cette année-là, après le début du conflit armé russo-ukrainien, notamment où le baril de Brent avait frôlé les 140 dollars le 7 mars sur le marché asiatique, non loin de son record historique du 11 juillet 2008 où il avait dépassé les 147 dollars. La moisson ne devrait cependant pas être négligeable. Ce qui va permettre au pays d'assurer l'équilibre de ses finances, d'engranger vraisemblablement des recettes substantielles pour les caisses du Trésor public, cette année encore et renflouer le Fonds de régulation des recettes qui lui sert de pare-feu. Un scénario plus que probable qui sera soutenu par des exportations hors hydrocarbures historiques (l'Algérie cible les 13 milliards de dollars en 2023) et une facture des importations qui a fondu de plus de moitié. La facture des importations avait atteint 30,4 milliards de dollars à la fin de l'année 2021, contre 64 milliards de dollars en 2014. De quoi espérer du beurre dans les épinards...