Le poulet est cédé à 640 DA le kg. Un nouveau record jamais atteint en Algérie. Un prix toujours en hausse, porté par la cherté des matières premières utilisées dans l'élevage avicole. Mais pas que cela. À en croire Cherif Hamza, le SG de l'Association nationale des éleveurs de volaille, l'Anev, « ce sont les vendeurs de poulet qui profitent de la situation actuelle ». Ce dernier nous a affirmé que « le prix du poulet est cédé à moins de 400 DA le kg par les aviculteurs ». « Cela fait, ainsi, un bénéfice de 200 DA par kg. Ce n'est pas tout à fait raisonnable qu'un vendeur prenne en une seule journée le gain de quatre mois de travail d'un malheureux aviculteur». Mathématiquement, cela revient à une marge de plus de 50%. « C'est le résultat du manque de contrôle », a-t-il dénoncé. En fait, le mal qui gangrène la filière est beaucoup plus profond, et les vendeurs ne sont pas les seuls mis en cause. Une « armée » d'intermédiaires dicte sa loi, au détriment du petit aviculteur et du citoyen. Selon notre interlocuteur, les aviculteurs qui travaillent « au noir » représentent 80% des intervenants dans la filière et contribuaient pour moitié à la couverture des besoins du marché national en viande blanche. «Les petits éleveurs ne possédant par de carte d'agriculteur ne peuvent bénéficier de la clémence des prix de l'aliment mis en vente à l'Onab, soit entre 6000 et 7000 DA le quintal », comme l'affirme Hamza. « Cependant, on dépense beaucoup plus pour nourrir nos volailles. Nous achetons la même quantité, en dehors du circuit de l'Onab, entre 8000 et 9000 DA», a-t-il davantage révélé. Les prix de l'aliment écoulé sur le marché sont ainsi dopés par le dysfonctionnement des milliers de petits producteurs. Un autre facteur est avancé par Hamza pour justifier la hausse des prix de production de la viande blanche. Le poussin est cher. Son prix a atteint les 200 DA, affirme notre interlocuteur. « Cela fait un bon moment que le poussin n'est pas disponible à l'Onab», a-t-il déclaré. La canicule ayant sévi au courant du mois de juillet et la grippe aviaire sont également cités comme facteurs ayant fait grimper le prix du poulet. « Le virus a décimé un nombre important de la production, notamment des poules pondeuses», a-t-il ajouté. « Une grosse perte pour la filière », a-t-il poursuivi, «car elle a entraîné une baisse de la production des poussins destinés à la consommation». Les wilayas de Bordj Bou Arréridj, Sétif, Batna, M'Sila, Saïda et Médéa sont les plus touchées. « Le taux de mortalité a atteint les 70%, et cela fait maintenant plus de sept mois que le vaccin n'est pas disponible», a-t-il déclaré. Néanmoins, le président de l'Anev annonce la couleur. « Grâce à la reprise de la production, on pourrait espérer que le prix reviendra à la baisse à partir de la fin du mois d'octobre», a-t-il estimé. Il y a lieu de s'interroger, par ailleurs, sur le blocage qui empêche les petits éleveurs d'avoir accès à la fameuse carte d'éleveur. Il faut savoir que le demandeur doit remplir certaines conditions. La pièce maîtresse est la possession d'un hangar d'élevage conforme aux normes internationales, et il doit avoir un agrément sanitaire. Et c'est justement le nœud gordien de la problématique de l'obtention de ladite carte, puisque malheureusement, il existe un nombre très important de petits producteurs de volaille qui exerce sans titre de propriété. Les éleveurs exploitent soit des terres « en indivision», ou bien ils exercent sur des terres de concessions agricoles sans la possession d'un contrat de location. Chose qui est interdite par la loi 03-10 qui stipule l'interdiction la location des terres agricoles. Pour remédier à ce problème, la tutelle avait appelé les petits éleveurs à s'organiser dans des coopératives agricoles, cela afin de mieux gérer la production et cerner les problématiques de la filière, depuis l'aliment jusqu'à l'abattage. Une fois la coopérative créée, les éleveurs peuvent bénéficier de plusieurs avantages dont l'accès au crédit agricole et aux aliments subventionnés par l'Etat.