Neuf mois après son installation, la commission parlementaire présidée par Ahmed Bayoudh vient de remettre son rapport au président de l'APN. Il s'agit maintenant de savoir quelle suite sera réservée à ce document. Une déclaration adressée à notre rédaction a rapporté que, dans l'exercice de sa tâche, la commission parlementaire a fait un travail de prospection. Elle a notamment entendu des citoyens, des témoins, les victimes et les parents des victimes, des responsables locaux, des élus, des responsables des services de sécurité ainsi que des hommes de la presse. En outre, ajoute la déclaration, les membres de la commission ont visité à plusieurs reprises 16 wilayas, où on a étudié et exploité les documents qui sont parvenus à la commission, au même titre que les témoignages, les PV et les positions des associations et des partis politiques. La commission s'est également rendue au tribunal militaire de Blida pour entendre l'accusé dans l'«accident» qui a eu lieu au niveau de la brigade de Gendarmerie à Beni Douala, comme elle a assisté à la reconstitution des faits de cet «accident». C'est à la lumière de ces échantillons d'informations recueillis, précise la même déclaration, que la commission a établi son rapport qui s'articule autour de trois axes: les rapports préliminaires, l'analyse de ces rapports avec des résumés et recommandations et enfin les annexes écrites et audiovisuelles. Rappelons que cette commission a été installée le 2 mai dernier par Abdelkader Bensalah, président de l'APN, dans un contexte socio-politique explosif. L'assassinat du jeune lycéen Massinissa Guermah à l'intérieur de la brigade de gendarmerie de Beni Douala a généré des faits graves en Kabylie. Le Président a été amené par deux fois en l'espace de quelques jours à intervenir publiquement et a installé la commission d'enquête présidée par le professeur Mohand Issad. L'on se rappelle également que cette commission a été contestée au point d'être affublée de «commission Aghourou» (commission de trahison) et ce, en dépit de la renommée dont jouit le professeur Issad. A un degré relativement moindre, la commission Bayoudh n'a pas été dans le métronome de la critique populaire. Le souvenir de la commission d'enquête parlementaire, chargée de faire la lumière sur la fraude des élections de 97, fait que la commission Bayoudh est presque un non-événement. Ajoutées à cela les conclusions de son rapport qui expliquent les «assassinats» des manifestants, comme étant, dans bien des cas, de la légitime défense des éléments de la Gendarmerie. Ce qui a fait que cette commission a été carrément rangée, par les citoyens, dans le registre des parades du pouvoir pour étouffer la vérité. Cette thèse est d'autant plus soutenue après la sortie inattendue du professeur décrié, qui a accusé directement dans son rapport final le corps de la Gendarmerie. Cela étant, les rapports des deux commissions finalisés et remis à qui de droit connaîtront-ils des suites? Il y va de la crédibilité de tout un Etat.