Pour le moment, aucun responsable du RCD n'est explicitement incriminé. La commission d'enquête parlementaire prend tout son temps pour finaliser son rapport sur les événements de Kabylie. Entamée depuis près de trois mois, la commission présidée par le député indépendant Ahmed Bayoudh, évite ainsi la précipitation qui a complètement embrouillé le rapport Issad en y laissant un goût d'inachevé. La commission travaille sur divers dossiers, emprunte plusieurs pistes et essaye de s'entourer d'un maximum de discrétion afin d'éviter les fuites et «parasitages». Cela n'a pas empêché certaines informations d'être distillées, notamment celle annonçant la compromission d'un haut responsable du RCD dans l'alimentation de la violence pendant les émeutes de Kabylie. Réagissant à ces allégations, Ahmed Bayoudh estime que ce sont là «des tentatives de perturber le travail de la commission», car, dit-il, «pour le moment, aucun haut responsable du RCD n'est cité nommément dans le rapport», et qu'il pense sérieusement «ester en justice le ou les auteurs de pareils propos». Le rapport de la commission, qui devait être remis le 15 septembre 2001, sera certainement retardé en raison du complément d'enquête que le Président a constaté, chemin faisant. C'est donc vers le début du mois d'octobre que le rapport Bayoudh sera remis et l'on pourra, alors, le comparer à celui de Issad. Mais l'on affirme d'ores et déjà qu'aucune comparaison ne peut se faire entre l'un et l'autre. Autant celui d'Issad a été ficelé en moins de moins de deux mois de travail et avait à peine esquissé une réponse évasive et superficielle, étalée sur à peine une quarantaine de pages, autant celui de Bayoudh se fonde sur plusieurs pistes et attaque divers fronts à la fois. L'intérêt du travail de l'équipe Bayoudh réside, essentiellement, dans la contribution pluridisciplinaire, qui a sous-tendu l'enquête de bout en bout. Aussi, l'évolution des événements a été replacée dans le contexte où ceux-ci ont pris naissance. Par ailleurs, on soutient mordicus que le rapport de l'enquête, de par les voies que la commission a ouvertes, étonnera son monde par la teneur, la crédibilité et l'argumentation développée, notamment dans le chapitre portant sur ceux qui ont encouragé les émeutiers à «casser plus» ou à radicaliser leurs positions vis-à-vis des offres de dialogue proposées par le pouvoir.