Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est arrivé hier au point de passage de Rafah, l'unique ouverture sur Gaza qui ne soit pas aux mains d'Israël, pour préparer l'arrivée de l'aide humanitaire dans la bande de Ghaza. Si depuis des jours des avions du monde entier amènent de l'aide alimentaire ou médicale, aucun de ces chargements n'a jusqu'ici pu entrer à Ghaza où le bilan des bombardements israéliens s'élève à plus de 3.700 morts incluant au moins 1.500 enfants, selon les autorités locales. Nourriture, médicaments, purificateurs d'eau, produits d'hygiène, couvertures... Dans le Sinaï égyptien, l'aide humanitaire pour la bande de Ghaza afflue à l'aéroport d'Al-Arich, qui a même rouvert une de ses pistes d'atterrissage pour tout pouvoir recevoir. A quelques dizaines de kilomètres plus à l'est, se dresse Rafah, le poste-frontière que l'Egypte a promis d'ouvrir hier, l'unique ouverture sur le petit territoire palestinien ravagé par les guerres et la pauvreté qui ne soit pas aux mains de l'occupation sioniste. Pour le patron de l'ONU, Antonio Guterres, le terminal de Rafah et l'aéroport d'Al-Arich «ne sont pas seulement vitaux, ils sont l'unique espoir des Gazaouis, leur bouée de sauvetage».»Nous recevons deux à trois avions d'aide par jour, affrétés par des agences humanitaires ou des Etats» qui veulent envoyer de la nourriture, de l'eau ou des équipements médicaux aux 2,4 millions de Palestiniens assiégés et sauvagement bombardés par l'aviation sioniste, affirme de son côté Ahmed Ali, responsable du Croissant-Rouge égyptien. Aussitôt déposées sur le tarmac réservé aux militaires, les cargaisons d'aide sont chargées dans des camions. Désormais, c'est l'Egypte qui réclame du temps: elle assure réparer les routes qui relient son territoire à Ghaza, après quatre bombardements sionistes sur le terminal. En attendant, les palettes d'aide sont stockées dans des entrepôts d'Al-Arich, le chef-lieu du Nord-Sinaï, explique M. Ali. Le PAM, qui a déjà fourni de l'aide à 522.000 personnes depuis le début du conflit, a déclaré que 951 tonnes de nourriture étaient en cours d'acheminement ou avaient déjà été livrées à la frontière égyptienne, selon un porte-parole du programme. Cette quantité est suffisante pour nourrir 488.000 personnes pendant une semaine, a-t-il ajouté. Car à Ghaza, la situation est «plus que catastrophique» avec des stocks quasiment vides après 13 jours de guerre, explique Sara Alzawqari, responsable de la communication de l'Unicef pour le Golfe.»Nous avons distribué la quasi-totalité de l'aide que nous avions à l'intérieur de Ghaza», rapporte-t-elle.»Nous nous efforçons de faire fonctionner la seule usine de dessalement d'eau en état de marche dont la capacité est très réduite» par les pénuries de fuel et de courant maintenant que l'unique centrale électrique de Ghaza est à l'arrêt, poursuit-elle. Voilà deux semaines que le gouvernement fasciste de Netanyahu bombarde sans relâche la bande de Ghaza.» Les lits d'hôpitaux et les médicaments essentiels manquent», ajoute Mme Alzawqari, alors que les autorités comptent plus de 3.700 morts et 12.500 blessés. Or, «le temps presse et le nombre de victimes parmi les enfants ne fait qu'augmenter», prévient-elle, la situation «s'aggrave de minute en minute». L'Egypte et les Etats-Unis se sont mis d'accord sur un premier convoi de «20 camions», un chiffre totalement insuffisant pour l'ONU qui veut «100 camions par jour» pour nourrir les Gazaouis qui, déjà avant la guerre, dépendaient pour 60% d'entre eux de l'aide alimentaire. Michael Ryan, un des responsables de l'OMS, a déclaré: «il ne faut pas 20 camions, mais 2.000 camions», soulignant que les humanitaires demandaient la mise en place d'un véritable couloir humanitaire. L'OMS a insisté pour que l'aide humanitaire, y compris du carburant pour les hôpitaux, entre «tous les jours» dans Ghaza pour répondre aux besoins des habitants, les 20 camions d'aide prévus pour aujourd'hui étant totalement insuffisants. «Je tiens à souligner que le carburant est une priorité absolue car (...) il n'y a déjà plus de carburant» qui sert aussi bien aux générateurs des hôpitaux, aux stations de dessalinisation qu'aux boulangeries, a expliqué le Dr Richard Peeperkorn, chef du Bureau de l'OMS, en visioconférence. Les convois d'aide humanitaire qui doivent se rendre à Ghaza sont bloqués depuis de nombreux jours à la frontière avec l'Egypte, au point de passage de Rafah, le seul qui ne soit pas contrôlé par l'occupation sioniste. La chaîne de télévision égyptienne AlQahera News affirmait jeudi que «Rafah ouvrira demain», sans autre détails.