Le ministère de la Santé avance le chiffre de 2037 personnes séropositives, alors que l'OMS fait état de plus de 15.000. Notre pays ne dispose pas de statistiques réelles sur le sida. Ce qui traduit l'absence d'une vraie politique de prévention contre cette maladie. C'est le constat établi, hier, par les participants à la rencontre du forum d'El Moudjahid, portant sur la prévention VIH/sida, et animée par des représentants de l'association Lesouk. Selon leur expérience sur le terrain, ces derniers sont allés même jusqu'à démentir les chiffres avancés par certains services hospitaliers. «On s'est cachés derrière le fait qu'étant un pays musulman, le sida est moins répandu qu'ailleurs», lancera l'un des participants. Selon les dernières statistiques du ministère de la Santé, l'Algérie compte officiellement 734 cas du sida et 2037 séropositifs dont plus de 50% sont des jeunes. Les femmes algériennes sont plus affectées par cette maladie que les hommes. Ces statistiques officielles sont en contradiction avec celles de l'OMS, comme l'a affirmé le grand chercheur en la matière, Kamel Sanhadji, qui fait état de 16.000 à 20.000 Algériens porteurs du virus VIH. Même si la situation n'est pas trop alarmante, estiment les représentants de ladite association qui regroupe des jeunes universitaires, les autorités du pays doivent prendre au sérieux cette question. D'autant plus que le traitement coûte excessivement cher. Environ 15.000 euros par an (l'équivalent de 150 millions de centimes). Au niveau mondial, plus de 40 millions de personnes vivent avec le virus dont 20 millions sont des jeunes de 15-25 ans et 2,3 millions d'enfants. Le sida tue près de 3 millions de personnes chaque année et 15 millions d'enfants s'en trouvent orphelins. Les chiffres sont, en fait, très importants pour évaluer le danger de la maladie. De nombreux Algériens, influencés par les préjugés sur cette maladie, hésitent encore à se faire dépister, comme nous l'explique l'association Lesouk, qui s'est donnée comme mission de prévenir les jeunes contre le VIH et les maladies sexuellement transmissibles. «Nous travaillons sur le plan éducatif depuis 3 ans auprès des jeunes pour tenter de ralentir la propagation de ce fléau, en sillonnant rues et universités», indiquera l'un des représentants de cette association, Nazim Benchikh. Promouvoir le dépistage auprès des jeunes figure parmi les objectifs de l'association. «Nous tentons de leur faire comprendre qu'il existe des centres anonymes où ils peuvent aller en toute discrétion. Nous essayons également de leur faire comprendre que le dépistage est aussi important pour détecter les autres maladies sexuellement transmissibles», ajoutera Nazim. Le travail des jeunes de l'association Lesouk consiste, également, à mettre l'accent sur les moyens de prévention des infections sexuellement transmissibles (IST) et du sida. Le groupe de jeunes animateurs, agit bénévolement, en plus des contacts avec les citoyens, notamment ceux de 15 à 25 ans. Notons que le Fonds mondial de lutte contre le sida avait alloué, en 2005, 9 millions de dollars pour mener une campagne de prévention nationale durant trois années.