Le Soudan a réclamé au secrétaire général de l'ONU la fin «immédiate» de la mission politique des Nations unies dans le pays, selon un courrier de Khartoum adressé jeudi soir au Conseil de sécurité des Nations unies. Dans ce courrier officiel daté du 16 novembre, le ministre des Affaires étrangères Ali Elsadig Ali fait part à Antonio Guterres de «la décision du gouvernement soudanais de mettre un terme avec effet immédiat à la Mission intégrée des Nations unies pour l'assistance à la transition au Soudan (Minuats)» qui emploie des centaines de civils depuis 2020. Ces lettres ont circulé jeudi soir entre les membres du Conseil de sécurité qui était justement réuni pour débattre du conflit au Soudan. En toute fin de réunion, le représentant du Soudan a annoncé «la décision du gouvernement soudanais, à savoir que la Mission prend fin». D'après l'ambassadeur du Soudan à l'ONU, Al-Harith Idriss Al-Harith, la Minuats «ne répond plus aux besoins et priorités» de son pays. Il a toutefois assuré que Khartoum «continuera à travailler de manière constructive avec les Nations unies». Jeudi soir, devant le Conseil de sécurité, la sous-secrétaire générale de l'ONU pour l'Afrique, Martha Ama Akyaa Pobee, avait dénoncé l'élargissement du conflit au Soudan à d'autres régions du pays, qui détient déjà le nombre le plus élevé au monde de personnes déplacées. Après près de sept mois de conflit entre l'armée soudanaise, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo, «presque 25 millions de personnes au Soudan ont désormais besoin d'aide humanitaire», avait relevé lundi le chef des opérations humanitaires de l'ONU Martin Griffiths. Déclenché le 15 avril, le conflit entre l'armée et les FSR a fait plus de 10.000 morts selon une estimation de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), un bilan considéré comme très largement sous-estimé, et cela sans que plusieurs initiatives régionales et internationales ne parviennent depuis à établir un cessez-le-feu. L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) a annoncé mardi que plus de 6,3 millions de Soudanais ont fui leurs foyers à la suite des combats entre l'armée et les Forces de soutien rapide depuis la mi-avril. L'organisation a indiqué dans un rapport que «les affrontements en cours affectent gravement les civils, avec des informations faisant état de violations généralisées des droits de l'homme, de déplacements forcés et de meurtres». Elle a ajouté : «La matrice de suivi des déplacements au Soudan indique que 4955538 personnes ont été déplacées à l'intérieur de 5312 sites dans tous les Etats du pays (18 Etats)». L'organisation internationale poursuit : «Depuis le début de la crise, 1373223 personnes ont fui vers les pays voisins, dont 39,5% au Tchad, 27,1% au Soudan du Sud et 25% en Egypte».