Bombardements intenses et raids de l'aviation étaient, hier encore, le lot de Khartoum et d' Oum Dourman, à l'heure d' une nouvelle escalade dans la guerre que se livrent l'armée du général al-Burhane et les Forces de soutien rapide (FSR) de son rival Mohamed Hamdane Daglo. À aucun moment, les violences n'ont cessé et la population terrorisée est condamnée à se terrer depuis sept semaines, sans le moindre répit. Les «négociations» sous l'égide des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite à Djeddah n'ont abouti qu'à des cessez-le-feu jamais respectés par les deux camps. Washington appuie al-Burhane tandis que Riyadh penche autant du côté de l'armée que des FSR. Selon l'ONU, les combats ont déjà fait plus de 1800 morts, en majorité des civils, et plus d'un million et demi de déplacés et de réfugiés, partis pour la plupart vers l'Egypte, déjà confrontée à une grave crise socio-économique. Les Etats-Unis ont haussé le ton, décrétant des sanctions contre les FSR qui contrôlent les mines d'or soudanaises. Le pays est le troisième producteur d'or du continent, au grand profit de Daglo et de ses deux frères ainsi que des Emirats qui les soutiennent. Des millions de dollars ont été transférés aux Etats-Unis et à Dubaï. L'armée qui a déserté les négociations à Djeddah prépare, dit-on, une offensive majeure tandis que le général al-Burhane réclame à l'ONU le départ de son envoyé spécial. Ce retrait vise à renforcer sa position sur le terrain pour un retour en force à des pourparlers éventuels. Mais, d'ici là, le peuple soudanais vit un terrible calvaire que n'ont pas dissipé les cessez-le-feu théoriques conclus à Djeddah. Depuis mercredi, l'armée qui a sorti ses armes lourdes, fait tonner les canons, tuant 18 civils sur un marché de Khartoum. Quant aux FSR, ils prennent leur quartier dans des hôpitaux saccagés ou des maisons de civils jetés à la rue. Au Darfour, la tragédie est plus grave. Face à un tel désastre, ni la Ligue arabe ni l'Union africaine n'ont évoqué une quelconque initiative pour faire cesser les combats et secourir la population prise en otage par les protagonistes d'un conflit qui tourne autour des intérêts personnels. La mission de l'ONU est décriée. La crise humanitaire qui menace le Soudan dans une misère profonde depuis des décennies, va atteindre son paroxysme. Le drame des 45 millions de Soudanais ne concerne pas que leur pays, il va sans doute impacter les pays voisins (Tchad, Libye, Egypte) et mettre le feu aux poudres dans toute la région sahélienne, si l'on n'y prend garde.