La Turquie met en place d'importantes mesures de sécurité en prévision de la visite, la semaine prochaine, du pape Benoît XVI, dans la crainte de réactions violentes contre ses remarques sur l'islam et après des récentes attaques visant des prêtres chrétiens dans ce pays. Les hôtes du souverain pontife souhaitent donner au monde des valeurs dont les Turcs ont hérité de l'empire ottoman sous lequel l'islam, la chrétienté et le judaïsme ont coexisté pendant des siècles dans une paix relative. Ankara veut aussi mettre en valeur sa position de pont unifiant l'Est et l'Ouest, son argument principal contre la forte opposition en Europe contre son désir d'adhérer à l'Union européenne (UE). L'ambiance sur le terrain est, cependant, loin de celle qu'aurait aimé voir le gouvernement à la veille de la visite du pape du 28 novembre au 1er décembre, la première de Benoît XVI en pays musulman. Les remarques du pape en septembre liant l'islam et la violence avaient déclenché la colère du monde musulman, et une série d'attaques à l'encontre de membres du clergé chrétien en Turquie cette année, phénomène pratiquement inconnu dans le passé, ont suscité l'inquiétude. Dans la ville de Trabzon (nord), un adolescent avait abattu un prêtre catholique en février, au moment où le monde musulman était en ébullition après la publication de caricatures du Prophète Mohamed dans des journaux européens.