De source proche du n°2 de l'ex-FIS, on indique que Benhadj aurait opposé son veto quant à la participation, l'alliance ou même l'appui des chefs de l'AIS à un quelconque parti ou personnalité politique entrant en lice, lors des prochaines législatives. Les mêmes sources ajoutent que Benhadj ne partage pas l'idée que des chefs ou des éléments de l'AIS accordent, lors des prochaines échéances électorales, leur appui à tout parti ou homme politique. Ce «brusque regain d'intérêt» de Benhadj obéit, néanmoins, à la propre logique de celui-ci. Il y a quelques mois, n'avait-il pas opposé une fin de non-recevoir à des partisans du FIS à l'étranger, prônant, dans une capitale européenne, la tenue d'un congrès du parti, malgré le soutien de Abassi Madani à ce projet? Le refus catégorique qu'oppose Benhadj à toute participation à une élection politique, soulignent les observateurs, procède d'enseignements tirés lors des événements de 1991 et 1992, et aussi - «et surtout», insiste un des leaders politiques de l'ex-FIS - de sa marginalisation de la vie politique algérienne ainsi que sa réticence à prendre part à toute nouvelle initiative dont il ne saisirait pas toutes les nuances politiques. Cette position intransigeante de Ali Benhadj a-t-elle été portée à la connaissance de ses destinataires? A voir les attitudes des plus proches chefs de l'AIS en relation avec leur direction politique, on serait tenté de répondre par l'affirmative. Madani Mezrag, Mustapha Kébir et Mustapha Kertali affirment, aujourd'hui, clairement, n'être alignés «sur aucun candidat, sur aucun parti politique», tandis que Ali Benhadjar dit, de son côté, n'être intéressé «ni de près ni de loin par les échéances électorales» à venir, remettant même en cause la propre existence de l'AIS «qui s'est autodissoute en janvier 2000 et, de fait, n'existe plus». Toutefois, les dernières déclarations des chefs de l'AIS de l'Ouest convergent vers un «alignement qui reste à déterminer» pour appuyer un homme ou un parti qui serait proche des options islamistes, et avec lequel ils partageraient «un minimum consensuel». L'électorat islamiste reste, à ce jour, très influent, du fait de son ancrage fort dans les milieux populaires à travers les anciens bastions électoraux islamistes. Son appui à Ahmed Taleb Ibrahimi, sorti grand deuxième à l'élection présidentielle de 1999, malgré son retrait en dernière minute, confirme bel et bien qu'il sait jouer les arbitres, départager les candidats quand il n'est pas intéressé lui-même par un candidat de sa mouvance. Les éléments de l'AIS comme ceux de l'ex-FIS restent extrêmement pesants lors des joutes électorales. Aujourd'hui, sans ancrage partisan et sans attache politique claire, ils constituent un réservoir inestimable où peuvent puiser le MRN de Djaballah, le MSP de Nahnah et Ennahda d'Adami, trois partis islamistes en lice pour les législatives. Les opérations de rapprochement et de séduction envers cet électorat ont déjà commencé en sous-sol, et les autres partis ont bien intérêt à surveiller ces «éventuelles alliances» comme le lait sur le feu.