Les autorités algériennes sont appelées à protéger les avocats contre toute manoeuvre d'intimidation et de harcèlement. Les avocats Hassiba Boumerdassi et Amine Sidhoum comparaîtront demain devant le tribunal d'Alger pour avoir «violé les dispositions législatives régissant l'organisation et la sécurité des prisons». Les autorités pénitentiaires ont affirmé que tous deux avaient fait passer des objets à leurs clients en détention sans en avoir obtenu l'autorisation. Hassiba Boumerdassi est inculpée pour avoir transmis à un détenu le compte rendu d'une audience qui portait sur son cas. Cette dernière, de son côté, déclare qu'elle a obtenu l'accord oral des autorités pénitentiaires avant de faire passer les pièces en question. Amine Sidhoum, quant à lui, est accusé d'avoir distribué plusieurs de ses cartes de visite comportant ses coordonnées à un client en détention. Tout en reconnaissant les faits, il considère qu'il n'a commis aucune infraction. Les charges retenues contre les deux avocats sont basées sur une disposition juridique qui interdit expressément de transférer illégalement «des sommes d'argent, des correspondances, des médicaments ou tout autre objet non autorisé» à un détenu. Sidhoum doit répondre à un deuxième chef d'inculpation portant sur la diffamation à l'encontre de la justice. Ce dernier, selon le document de l'ONG internationale, «a critiqué publiquement, dans un journal, la détention sans jugement, pendant deux ans et demi, d'un de ses clients». Dans un communiqué rendu public hier, Amnesty craint que les deux avocats «ne soient emprisonnés à cause de leur travail en faveur des droits humains». Elle estime que les deux avocats «sont soumis à un harcèlement judiciaire et que les poursuites engagées contre eux doivent être abandonnées». Amnesty rappelle que les avocats ont le droit et le devoir de faire respecter les droits humains inscrits dans le droit international et les normes internationales. «En protégeant les droits de leurs clients et en promouvant la cause de la justice, les avocats doivent chercher à faire respecter les droits de l'homme et les libertés fondamentales reconnus par le droit national et international et agissent à tout moment librement et avec diligence, conformément à la loi et aux normes reconnues et à la déontologie de la profession d'avocat», note le communiqué. Les autorités algériennes sont appelées à protéger les avocats contre toute manoeuvre d'intimidation et de harcèlement. «Les avocats sont rares, aujourd'hui, à défendre ouvertement les droits des détenus dans les dossiers politiques sensibles comme les affaires liées au terrorisme, après que le gouvernement algérien ait durci l'arsenal législatif sur la liberté d'expression». La mesure la plus récente «a été prise en février 2006, lorsqu'une loi a été adoptée afin de rendre toute critique publique de la conduite des forces de sécurité passible de dix ans d'emprisonnement». Amnesty International remarque que cette disposition n'a pas été appliquée jusqu'à présent, «mais elle menace directement les défenseurs des droits humains». Notons que les chefs d'inculpation retenus contre les avocats peuvent leur valoir une peine de cinq ans d'emprisonnement.