Le verdict du procès des huit détenus du printemps noir de la wilaya de Béjaïa qui s'était ouvert, hier, au tribunal d'Amizour, domicilié provisoirement au Palais de justice de Béjaïa, a été reporté au 19 du mois en cours. Durant le déroulement de ce procès, un sit-in, initié par la coordination intercommunale de Béjaïa, se tenait à l'extérieur de l'édifice, en soutien aux «prévenus» qui ont été, pour rappel, arrêtés les 8 et 9 décembre de l'année passée à la suite des troubles survenues au lendemain du dialogue contesté par le mouvement citoyen dans la ville d'El-Kseur (20 km de Béjaïa). L'ambiance était quelque peu tendue dès les premières heures de la journée. La cinquantaine de délégués présents sur les lieux, renforcés par des dizaines de jeunes, scandaient «Ulac smah ulac», «Libérez les détenus!» et plusieurs autres slogans hostiles au pouvoir devant un impressionnant dispositif de sécurité posté à l'intérieur de la cour du palais de justice prêt à intervenir à tout moment en cas de nécessité. A El-Kseur, localité dont sont originaires sept détenus, la même ambiance est signalée. Cette ville a été aussi paralysée durant toute la journée d'hier par une grève générale décrétée par le comité local qui a également appelé la population à un rassemblement non-stop jusqu'à ce que le verdict tombe. Les détenus ont donc été, durant toute la journée d'hier, entendus par le juge dans une salle d'audience pleine à craquer de journalistes, d'amis, de membres de la famille et même des représentants du mouvement citoyen. Ils répondaient d'un seul chef d'inculpation retenu contre eux, à savoir, l'attroupement sur la voie publique. Les détenus, interrogés individuellement, ont tous rejeté les accusations en expliquant, chacun en ce qui le concerne, qu'ils «étaient par hasard sur les lieux» ou encore «arrêtés loin du lieu des émeutes». L'unique délégué, parmi l'ensemble des accusés, dira qu' il a été arrêté alors qu'il appelait au calme. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a demandé des peines d'emprisonnement de six à dix-huit mois. Ce n'est qu'après que la défense, devant le vide du dossier, a pris la parole pour plaider l'innocence des accusés avec des arguments de taille à l'appui. Le tribunal s'est ensuite retiré pour décider de se donner deux semaines de réflexion, à savoir jusqu'au 19 du mois en cours, pour rendre son verdict. Quelques individus ont alors tenté d'envenimer la situation, en vain. Après quelques instants de vacarme, tout le monde s'est calmé après, notamment, l'intervention de M.Ali Gherbi qui, commentant la décision de report du verdict, parle de «défaillance de la justice». «Ce report est une nouvelle injustice envers les détenus», clame-t-il avant de quitter les lieux pour se rendre à El-Kseur où la population l'attendait pour un meeting qui n'a pas encore commencé au moment où nous mettons sous presse.