Interpellation de quatre délégués de la CICB et procès de cinq détenus du printemps noir à Béjaïa. Le verdict du procès des cinq détenus du printemps noir de la ville de Béjaïa, qui s'était ouvert, hier, au tribunal de Béjaïa, a été rendu public en fin de journée. Les prévenus ont été interpellés lors des violentes émeutes qui ont eu lieu dans cette ville puis incarcérés à la maison d'arrêt. Le ministère public avait requis trois ans de prison ferme et une amende. A la lecture du verdict, il ressort une condamnation à une année de prison ferme pour les cinq détenus, assortie d'une amende de 1.000 DA. Durant le déroulement de ce procès, un sit-in initié par la coordination intercommunale de Béjaïa se tenait à l'extérieur de l'édifice. L'ambiance était quelque peu tendue, dès les premières heures de la journée. la cinquantaine de délégués présents sur les lieux et renforcés par des dizaines de jeunes scandait: «Ulac smah ulac», «Libérez les détenus!» et d'autres hostiles au pouvoir, devant un discret dispositif de sécurité posté à l'intérieur de la cour du palais de justice, prêt à intervenir à tout moment. Les détenus ont, donc, été, durant toute la journée d'hier, entendus par le juge dans une salle d'audience pleine à craquer de journalistes, d'amis, de membres de la famille et même de représentants du mouvement citoyen. Vers midi, alors que tout le monde quittait le tribunal, quatre délégués de la Coordination intercommunale de Béjaïa (CICB) sont interpellés par des policiers et conduits au commissariat central de la ville dont le chef de file Ali Gherbi. La nouvelle s'est propagée telle une traînée de poudre à travers les localités de Béjaïa. La première réaction est venue de la ville d'El-Kseur à partir de laquelle des dizaines de jeunes, à bord de divers moyens de transport, ont rallié la ville de Yemma Gouraya où, dès leur arrivée, ils déclenchèrent des hostilités contre les forces de l'ordre à hauteur du siège de la wilaya. Les affrontements se poursuivent encore à l'heure où nous mettons sous presse. Les quatre délégués interpellés sont Ali Gherbi, président du Comité de la société civile d'El-Kseur, Oudjedi Farès, délégué d'Akfadou, Khoudir Benouaret, délégué d'Amizour, et Bedjou Mohamed, délégué de la coordination des quartiers de la ville de Béjaïa. Les quatre délégués interpellés par la police et conduits, une première fois, au commissariat ont été par la suite accompagnés vers le siège du secteur militaire de Béjaïa. Selon des sources proches de la CICB, Gherbi et ses compagnons y ont été invités à rencontrer des émissaires du gouvernement. Ces sources évoquent les noms du général Mohamed Touati, conseiller à la présidence, et du chef de la 5e Région militaire Saïd Bey qui, ne les auraient pas rencontrés auparavant comme la rumeur l'indiquait à El-Kseur. Par ailleurs, la localité de Sidi Aïch a renoué avec la violence. Les échos, qui nous parviennent de cette localité de la Soummam, font état d'accrochages entre de nombreux manifestants et les éléments antiémeutes. Les mêmes scènes se déroulaient également à Akfadou où les gendarmes sont sortis pour riposter aux attaques des jeunes manifestants qui n'ont pas cessé d'arroser l'édifice de la brigade locale, depuis le début de l'après-midi. Le face-à-face semble s'installer dans la durée dans cette localité à quelques kilomètres de Chemini. Partout ailleurs, un calme précaire est signalé. La ville de Seddouk reste calme.