Faut-il saluer aujourd'hui la stratégie américaine de remodelage du Grand Moyen-Orient? Cette semaine, l'administration Bush revient avec un menu spécial et aguichant pour les entrepreneurs. L'ambassade des Etats-Unis d'Amérique à Alger, a annoncé le lancement de son programme de formation des entrepreneurs du Moyen-Orient aux Etats-Unis [Meet U.S.] pour l'année 2007. Ce programme de formation est conçu pour identifier, développer et soutenir de nouveaux chefs d'entreprise. L'institut Beyster de l'école de gestion Rady de l'Université de Californie à San Diego, a été chargé de la réalisation de ce programme qui sort tout droit des entrailles du Mepi (Initiative de Partenariat du Moyen-Orient). Cette initiative coïncide avec celles qui s'effectuent, en ce moment, en Algérie et d'autres sont déjà terminées. Actuellement, c'est la formation des journalistes au sein même des rédactions de certains titres de la presse privée qui s'entre-prend. Une formation journalistique complète et d'une grande efficacité. Elle s'étalera jusqu'en 2007. Auparavant ce sont des magistrats algériens qui ont subi des formations aux Etats-Unis et à Alger, ensuite ce sont des parlementaires qui se sont «confrontés» à leurs homologues américains, des organisations de la société civile de même que des femmes politiques (militantes du FFS, du FLN, de Nahda, du RCD, du MSP et du RND) ont été rassemblées à plusieurs reprises dans le cadre de cette même initiative. Faut-il saluer la stratégie américaine de remodelage du Grand Moyen-Orient? C'est la question à laquelle semble parvenir finalement l'opinion arabe, très sceptique à la naissance du GMO. Doucement mais sûrement, ce projet d'une visée immense, s'applique, sans aucune résistance, au niveau des pays arabes et d'Afrique du Nord, notamment l'Algérie. Les critiques des détracteurs sont-elles dépassées ou alors, étaient-elles biaisées dès le début? Au premier balbutiement du GMO, ils avançaient que le projet est surréaliste. Du fait, entre autres, que les pays se trouvant dans cette zone n'ont rien de commun, sauf un antiaméricanisme avéré. En plus, aucune raison géographique, culturelle ou économique ne justifie un tel assemblage régional. Les détracteurs ajoutent que le document ignore les problèmes principaux du monde arabe, en ce sens qu'il postule une intégration d'Israël dans l'ensemble régional, sans même évoquer les droits des Palestiniens. Par ailleurs, ils voient dans l'approche américaine un messianisme et un impérialisme sous-jacent dangereux. Mais c'est compter sans la détermination de l'administration américaine. Bush s'entête. Dans un discours prononcé le 4 février 2004 au Congrès, il a affirmé: «Tant que cette région sera en proie à la tyrannie, au dé-sespoir et à la colère, elle engendrera des hommes et des mouvements qui menacent la sécurité des Américains et de leurs alliés. Nous soutenons les progrès démocratiques pour une raison purement pratique: les démocraties ne soutiennent pas les terroristes et ne menacent pas le monde avec des armes de destruction massive.» Tout est dit dans ce passage qui résume toute la philosophie américaine. Il en ressort une politique, à la fois pragmatique, puisque ménageant les intérêts, notamment sécuritaires, économiques et stratégiques américains dans cette partie du monde.