«Tout n'est que poésie en Kabylie», affirme Jaoudet Gassouma au texte tendre et coloré... La Kabylie, Au-delà des montagnes, des hommes, est un magnifique livre à avoir chez soi ou mieux, à offrir comme signe d'affection et d'amitié. Car en l'offrant, c'est une part de soi qu'on donne. Entre textes signés Jaoudet Gassouma, et photos en couleur, ce livre nous plonge, d'emblée, au coeur de cette épopée épique de ce que furent les Berbères, ces premiers habitants de la vaste Algérie. Jaoudet Gassouma retrace le fil de l'histoire de ces «Kabyles» et leurs descendances qui ont laissé des empreintes dans le sol et dans le temps. «Ces nombreux vestiges archéologiques, qui se trouvent un peu partout dans les limites de cette province fabuleuse, accompagnés de la chaîne immense du Djurjura culminant à plus de 2300 mètres et courant ainsi sur plus de cinquante kilomètres de crêtes vertigineuses, de murailles en pic et de pitons rocheux acérés qui veillent sur des villes, charmantes, petites, immenses, à flanc de montagnes escarpées, douillettement lovées dans quelques vallées protectrices.» L'histoire est déclinée sans fioritures. De Takfarinas à Firmus, dans l'Antiquité et sous les Hammadites à la prise de la Kabylie par les Français, dès 1857. Jaoudet Gassouma cite ces héros considérés comme bandits d'honneur par les uns et les autres. L'un d'entre eux, célèbre par ses valeurs et son érudition, est Arezki El-Bachir. Mais aussi, El Mokrani, Fadhma N'Soumer etc. Jaoudet parle «d'architecture à dimension humaine», de «passions (qui) se cristallisent dans la dure réalité d'une géographie aux contours marquants. Evoquant aussi la nature, il est indiqué que l'architecture kabyle trouve sa naissance et ses choix esthétiques de base dans l'aspect pratique en fonction de la nature ambiante et des rudes conditions de vie insitu.» Architecture populaire, oui, mais générosité des Kabyles et leur cuisine, encore plus, sont soulignées dans ce livre. Des photos mettent en lumière ce beau patrimoine dont jouit la Kabylie. Il est ainsi question de l'art de maîtriser autrement la terre et le feu, ses formidables créations immémoriales, des produits d'artisanat, de poterie et de bijoux, notamment qui laissent pantois. Ce beau livre n'aurait pu omettre de parler de poésie et de littéraire dont la Kabylie possède ses dignes fils et filles. Cela aurait été un sacrilège de ne pas évoquer Si M'hand U M'hand ou encore les fameux textes Grain magique de Taos Amrouche. Ces aèdes de l'exil et de l'émigration...La culture kabyle est également déclinée à travers ses chants à la même veine et thématique ancrées dans ce terreau d'hommes de la montagne, à l'instar de Slimane Azem, El Hasnaoui mais aussi Chérif Kheddam, Idir et toute cette musique et poésie ouvertes sur les autres qui continuent à vivre et à s'enrichir...Le texte se clôt par cette belle description de la «Tajmaât» dont chaque village en possède une. Ces réunions sociales et palabres organisées pour dialoguer autour d'une cause. L'autre versant de cet ouvrage est la photo légendée. Instantanés...dans le temps, dans l'espace et signés Smaïl Benhassir. Parmi ces photos, on reconnaît Tigzirt la majesteuse, Béjaïa et sa Casbah, Kherrata, Ifri, sa mer, ses flancs, ses pêcheurs, ses ruisseaux, ses perles dans la montagne, des villages et leurs jolies maisons perchées là-haut qui donnent de l'éclat à cette montagne nourricière, la Kabylie simple et altière, à la fois verdoyante et aimante, sainte et joyeuse, chatoyante, solidaire et belle avec ses femmes aux foutas bigarrées et cette jeunesse, le sourire aux lèvres...En somme, La Kabylie, Au-delà des montagnes, des hommes, publié aux éditions Guides AD Diwan, à 300DA, est bon de l'avoir dans sa bibliothèque! Digeste en documentation et agrémenté d'images, cet ouvrage se lit comme on regarde un beau tableau.