Draâ Ben Khedda est une charmante ville qui, hélas, ploie sous les monceaux d'ordures. Le rail ne semble guère la priorité en Algérie. Outre le fait que les voies sont étroites et que, surtout, nos trains n'arrivent à l'heure que le lendemain, il se trouve, en sus, que des endroits où les gares et les voies sont envahies par les vendeurs à la sauvette. C'est ainsi que, dans la ville de Draâ Ben Khedda, le train de marchandises, le seul qui, de temps à autre, rappelle qu'il fut une époque où cette voie était réservée aux trains, donc quand passe ce train, les commerçants et autres revendeurs installés sur la voie, se pressent de lui laisser le passage en maugréant contre «cet empêcheur de commercer en rond.» Draâ Ben Khedda est une petite ville qui s'agrandit et qui devient de plus en plus un pôle commercial des plus importants. La ville est agréable et est devenue le rendez-vous des populations alentour qui viennent y faire leurs courses. La présence d'un marché aux fruits et légumes des plus importants, aux prix abordables avec des produits de première fraîcheur, attire les foules et jusqu'aux habitants de la ville voisine de Tizi Ouzou qui n'hésitent nullement à faire le déplacement. Cependant, une autre réalité est là, hideuse et fâcheuse même. Les vendeurs d'articles ou commerçants semblent toutefois n'être pour rien dans cet état de fait. En effet, il faut faire un tour en ces lieux pour en avoir le coeur retourné et se demander si nous sommes dans un pays où existe une administration, des élus et une police. Les monceaux d'ordures s'entassent à longueur d'année et personne ne songe plus à débarrasser les lieux de ces déchets. Les papiers, les cartons, et autres déchets s'amoncellent en ces lieux qui font penser, non pas à un marché mais plutôt à une décharge publique rendant ces endroits et leurs environs des plus insalubres. Les résidences qui sont à proximité doivent stoïquement supporter, outre ces nuisances, les bruits, la poussière et personne n'a intérêt à se plaindre, et d'ailleurs, chez qui se plaindre, quand, jusqu'aux étals de la halle aux fruits et aux légumes, sont installés dans une sorte d'impasse, où, l'été venu, la ruelle se transforme en une piste poussiéreuse et en hiver, la gadoue vous impose le port de bottes? Il n'est pas question de s'en prendre aux jeunes commerçants et autres revendeurs mais, d'abord, et avant tout, aux autorités locales. En effet, des constructions existent et les places se prêtent très bien à l'implantation de ce marché pour, d'une part, le confort des commerçants et d'autre part, celui des clients. Le bâtiment érigé à cet effet dans les environs de la voie ferrée ou encore l'ancien Souk El Fellah, feraient très bien l'affaire des uns et des autres. Sans oublier qu'au niveau de la place du 8-Mai, un immeuble destiné à abriter ces commerçants attend toujours d'être attribué. Comment, en évoquant ce «monceau d'ordures» érigé en plein centre-ville, ne pas évoquer le cas des cités? Ces résidences ont toutes des espaces «verts», mais qui risquent fort de disparaître, pour devenir au gré des uns et des autres, soit des aires de stationnement, soit encore servir d'assiettes pour d'éventuelles constructions. Et pourtant, réaliser des aires de jeu ou carrément des jardins avec bancs et autres jeux pour les enfants, ne doit nullement coûter les yeux de la tête. Encore, fallait-il que nos élus et les responsables locaux y pensent. Draâ Ben Khedda qui est une charmante ville, y gagnerait avec des rues propres, des résidences aménagées et des marchés normalisés. L'espoir existe et tout le monde y croit, il s'agit de ne pas décevoir la population.