La cérémonie a eu lieu en présence de Abdelaziz Belkhadem. Le docteur Ahmed Taleb Ibrahimi a fait don de sa bibliothèque personnelle à la Bibliothèque nationale. Le geste est fort appréciable. Cela relève même du courage et de la bravoure. Ceux qui vouent un culte chimérique aux livres, peuvent facilement se mettre dans la peau de M.Taleb Ibrahimi et ressentir, de ce fait, la «douleur» d'offrir 10.000 livres. Les deux mots «douleur» et «offrir» ne riment peut-être pas bien. Cela relèverait même de la contradiction, mais le contexte l'exige. Il faut avoir une personnalité solide comme un aurochs pour tenter un geste pareil. «Le seul service que j'ai demandé à la présidence de la République, c'est d'octroyer un espace où mettre les 10.000 livres que j'ai offerts à la Bibliothèque nationale. Mon voeu a donc été exaucé» a déclaré le docteur Taleb Ibrahimi, avant-hier, lors de la cérémonie d'inauguration de l'espace qui porte le nom du donateur même. L'orateur est, en outre, longuement revenu sur le rôle des livres dans le développement et l'expansion des nations. Néanmoins, l'accent a été mis sur le rôle de la traduction. «C'est le seul moyen qui nous reste, si on veut se mettre au diapason de ce qui est publié dans les quatre coins de la planète» a-t-il indiqué. Pour illustrer ses dires, M.Taleb Ibrahimi revient sur l'expansion de la civilisation arabo-musulmane. «L'apogée n'aurait jamais été atteint si les musulmans n'avaient pas traduit les textes des principaux érudits grecs...». Ceci est en effet une vérité que d'aucuns ne peuvent contester et c'est là, même, la clé de voûte de la civilisation moderne dont les débuts ont été effectués en Europe moyenâgeuse. C'est en effet grâce à la traduction et les travaux des Anciens que l'on parle aujourd'hui du siècle des Lumières. Il faut mentionner néanmoins que, ainsi vont les civilisations humaines: aucune ne peut se suffire d'elle-même. Par ailleurs, la cérémonie de l'inauguration de l'espace Taleb Ibrahimi, situé au quatrième étage de la BN, s'est déroulée en présence de la ministre de la Culture, Mme Khalida Toumi et du directeur de la Bibliothèque nationale, M.Amin Zaoui. Mais également parmi les présents, on compte le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, qui, à cette occasion, semble se décoiffer de sa casquette de secrétaire général du Front de libération nationale (FLN). «Nous ne pouvons que lui exprimer notre grande reconnaissance pour sa générosité qui profitera aux enfants de son pays», a déclaré M.Belkhadem. La ministre de la Culture, et le directeur de la Bibliothèque nationale ont appelé, tour à tour, les Algériens qui disposent de bibliothèques pareilles, de ne pas les laisser à la proie de la moiteur et de la poussière. «Le livre ne ressent vraiment sa liberté qu'en étant ouvert entre les mains d'un lecteur», a insisté Amin Zaoui.