L'ambassadeur d'Algérie aux Etats-Unis a insisté sur l'urgente nécessité de dégager une réflexion sur l'ensemble des questions liées à la sécurité des Etats et des populations. «Le monde est aujourd'hui interdépendant. Et parce que chaque pays a besoin de s'ouvrir sur les autres, il faut privilégier la sécurité- confiance, c'est-à-dire penser à son pays, son peuple et sa région tout en tenant compte des autres», avait souligné, il y a quelques jours, le diplomate algérien à Washington lors d'une conférence au Center fort Strategical and International Studies (Csis). L'information, donnée par l'APS, était passée inaperçue, alors qu'en fait, elle schématise en grosses lignes, la politique actuelle de l'Algérie en matière de sécurité. L'ambassa-deur d'Algérie aux Etats-Unis, Amine Kherbi, a relevé toute l'importance d'établir une «sécurité-confiance», essentiellement sur la scène de la lutte antiterroriste au niveau international. Il s'est, en outre, interrogé sur les manifestations internationales du terrorisme et l'inadéquation des institutions internationales aux nouvelles menaces qui pèsent sur le monde, dont la menace terroriste, insistant sur l'urgente nécessité de dégager une réflexion sur l'ensemble des questions liées à la sécurité des Etats et des populations. Lors de cette conférence, animée conjointement avec le Premier ministre du Cap-Vert, Jose Maria Pereira Neves, ont été, aussi, abordés des thèmes tels que l'importance d'une politique concertée de lutte contre le terrorisme, l'insécurité et les fléaux sociaux impliquant l'ensemble de la communauté internationale, les pays africains, les Etats-Unis et l'Europe en tête.Les deux conférenciers ont ainsi mis en exergue l'importance d'une politique coordonnée à l'échelle internationale fondée sur l'entraide et la conjugaison des efforts et des moyens, l'impartialité, la transparence et l'égalité de traitement. Amine Kherbi, après avoir évoqué l'expérience algérienne, a souligné que les phénomènes du terrorisme international et des autres fléaux sociaux, comme le crime organisé ou les trafics d'armes et d'argent, «concernent et doivent concerner tous les pays et tous les gouvernements. «La sécurité nécessite une approche cohérente et efficace. Les besoins de sécurité doivent être considérés comme des questions complexes. Les vulnérabilités intrinsèques des Etats et de la société internationale commandent une concertation à l'échelle mondiale et appellent à la nécessité de développer de nouvelles stratégies pour faire face aux nouveaux défis». Tout progrès sur ces questions essentielles, rapporte l'APS, doit, selon l'ambassadeur algérien, s'accompagner d'une plus grande prise de conscience de l'interdépendance croissante des nations et de la transformation du système international pour répondre aux besoins de sécurité et de développement de tout pays. La Maison-Blanche avait diffusé, en mars 2006, un document de politique étrangère intitulé «La stratégie nationale en matière de sécurité». Complété en juin dernier, ce document du gouvernement américain indique que la sécurité des Etats-Unis dépend, en partie, des partenariats avec les autres pays - notamment ceux du continent africain - relatifs à des programmes de sécurité. «Les Etats-Unis sont résolus à coopérer avec les Etats africains en vue de renforcer leurs moyens nationaux et les moyens de l'Union africaine, d'appuyer les transformations après les conflits, de consolider les transitions démocratiques et améliorer le maintien de la paix et les interventions en cas de catastrophes», est-il relevé dans ce document. L'ambassadeur d'Algérie à Washington, en poste depuis près d'une année et demie, avait notamment souligné, lors de la présentation de ses lettres de créance au président américain George W.Bush que la lutte contre le terrorisme «doit être globale, car aucun pays, ni aucune région, ne peut assurer, seule, sa sécurité». «L'Algérie joue un rôle de premier ordre au Maghreb et au Proche-Orient pour favoriser l'essor des libertés individuelles, la promotion du statut de la femme, la consolidation des institutions démocratiques et pour assurer la paix et la sécurité», avait déclaré le président américain lors de l'audience accordée alors à Lamine Kherbi, nouvel ambassadeur d'Algérie à Washington. G.W.Bush, qui a mis l'accent sur l'excellence des relations entre les deux pays, a relevé «la convergence d'attitudes dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la similitude des approches dans la sécurité, le développement et les réformes». Pourtant, ce que les analystes relèvent c'est surtout la politique «réconciliation- intégration» adoptée par le président de la République pour faire pièce à la politique «éradication-exclusion» adoptée par les tenants du tout-sécuritaire et qui a largement démontré ses limites dans le solutionnement de la crise. La politique des «petites doses» que cherche Bouteflika à apporter à la crise sécuritaire depuis avril 1999, de la concorde civile à la réconciliation nationale, se situe hors de la guerre totale engagée par Washington et qui est largement inapplicable en Algérie. D'où les limites de la coopération algéro-américaine en matière de sécurité.