Juste après le ftour, la ville de Boghni est plongée dans la peur et l'angoisse. La ville de Boghni, chef-lieu d'une importante daïra située à environ une quarantaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, a été, dans la soirée de ce mardi, sous le choc. En effet, et alors que les citoyens habitant la ville étaient pratiquement tous attablés à la terrasse des cafés pour certains, et en train de prendre l'air sur le pas de leur porte pour d'autres, le ftour étant passé, depuis une demi-heure environ, une fusillade se fait entendre du côté de l'ancienne sortie nord de la ville. Des citoyens racontent ce qu'ils ont vécu ce soir-là. Pour Akli, un jeune homme de Boghni, la scène s'est passée trop vite et aussi, elle a laissé dans les esprits une peur sans pareille. «Nous étions attablés à l'intérieur du café proche de la station de fourgons menant vers Mechtras et les Ouadhias. Il y avait peu de monde et des policiers en véhicule se sont arrêtés pour que certains prennent un café. On dit que c'était la relève des policiers en barrage permanent sur le CW 128 à l'entrée de la ville de Boghni. Soudain, des coups de feu furent entendus. On était pétrifiés de terreur et d'angoisse.» Il semble que les policiers surpris ont tout de même répliqué, mais l'effet de surprise était le plus fort. Aussi, un policier originaire de Sétif - il semble que ce soit un inspecteur de police - a été mortellement atteint, un garde communal et un autre policier ont été blessés, alors que trois civils passant par là, au mauvais moment, ont également été touchés. Le véhicule de la police est criblé de balles. Selon les témoins attablés au café Zamoum, très proche de l'endroit en question, les assaillants, une vingtaine et armés de kalachnikov et sans doute venus à pied, ont, une fois leur forfait accompli, pris par la ruelle en dessous du CW 128 pour, certainement, rejoindre la forêt de Boumahni. Les cafés du centre-ville proches des lieux ont immédiatement été désertés. La nuit s'est passée dans l'angoisse, et la petite ville de Boghni se rappelle du fait que chaque Ramadhan, les policiers payaient le tribut du sang. Déjà lors du dernier Ramadhan, un policier a été assassiné en plein centre-ville. Le lendemain, c'est-à-dire hier, la nouvelle s'est répandue sur tout le territoire de la wilaya. Les autorités et notamment les responsables de la police se sont déplacés sur les lieux, le wali a dû changer son programme pour examiner la situation et certainement prendre les décisions qui s'imposent. A Boghni, les gens sont circonspects. Au niveau de l'hôpital de la ville qui a accueilli les blessés, on ne veut rien dire, on se refugie derrière le secret médical, mais l'on a appris que plusieurs des blessés sont dans le coma. Une opération de recherches, montée par des éléments des services combinés, est sur le terrain, mais à l'heure où est rédigé cet article, aucun bilan n'a été rendu public.