Nos sources affirment que des réseaux de spéculateurs opèrent aux quatre coins du pays. A Jamais les prix de la pomme de terre n'ont connu une hausse aussi fulgurante qu'au cours de ce mois sacré de Ramadhan. Une augmentation qui ne semble pas préoccuper outre mesure les responsables, qui y vont chacun de sa propre analyse. Les consommateurs, dont l'érosion du pouvoir d'achat a atteint un niveau préoccupant, faute d'être organisés en association, n'ont d'autre choix que de se soumettre au diktat des spéculateurs. Qu'est-ce qui fait que le «légume du pauvre» flirte avec les 70 dinars le kg? Il est difficile d'y répondre, d'autant plus que seuls certains cercles mafieux, à l'origine de cette flambée, détiennent la réponse. Côté officiel, chacun livre ses propres arguments. Lors d'une conférence de presse tenue, hier, le président de la commission des marchés de gros à l'Union générale des commerçants et artisans algériens(Ugcaa), M.Achour a affirmé que les prix de la pomme de terre resteront élevés, en attendant la première récolte au mois de novembre prochain. Concernant la hausse exagérée des prix, le conférencier l'a liée à plusieurs facteurs, à commencer par le retard dans la livraison des semences (tubercules) aux agriculteurs, ce qui, d'après lui, a influé sur leur prix. L'autre raison avancée par l'intervenant c'est le fait que, l'année dernière, la production avait enregistré un excédent de 500.000 tonnes. Ce qui, cette année, a suscité l'inquiétude chez les agriculteurs, qui ont baissé la production. Ce qui, bien entendu, fera la part belle aux spéculateurs de tout bord. En outre, au moment où tout le monde s'attendait à une baisse sensible de ce produit, au bout de la première semaine du mois sacré-comptant sur les discours triomphalistes des ministres du Commerce et de l'Agriculture- le consommateur est surpris par la courbe ascendante des prix, puisque dans certaines régions le kg de pomme de terre est cédé à 80DA. Au point qu'elle dispute la vedette à la banane, décidément devenue-du moins pour le «prestige»- plus accessibles pour les ménages. Qu'est-ce qui est donc à l'origine de cette hausse? Pourtant, l'Algérie qui produit chaque année des centaines de milliers de tonnes de pommes de terre, peut largement subvenir à la demande, n'étaient les agissements de certains parasites, organisés en véritables réseaux, qui saignent à blanc le citoyen et portent un coup fatal à l'économie nationale. Nos sources affirment que ces réseaux bien organisés opèrent dans les quatre coins du pays et travaillent en étroite collaboration avec les producteurs et les grossistes. Une véritable toile d'araignée tissée autour du marché de la pomme de terre et qui va du petit détaillant au grossiste. Des sources sûres évoquent, en effet, une spéculation à grande échelle, au point que des centaines de tonnes de pomme de terre sont entassées dans des hangars par les spéculateurs, pour ensuite les écouler sur le marché. Entre alors en jeu le facteur déterminant des prix, à savoir la loi de l'offre et de la demande. En effet, en l'absence de quantité suffisante, en raison d'une part, de l'insuffisance de la production et d'autre part, du monopole sur cette marchandise, les prix de la pomme de terre échappent à tout contrôle. Même le fameux concept de la libération des prix perd tout son sens, car non seulement il n'y a pas d'abondance du produit permettant une concurrence entre les marchands, mais surtout cette notion est utilisée par ces derniers pour justifier l'anarchie ambiante qui caractérise les marchés en ce mois de Ramadhan. Pour sa part, le ministre de l'Agriculture, M.Saïd Barkat, qui vient d'annoncer la création d'une commission nationale de protection des espèces animales menacées d'extinction, et qui vient de déclarer que l'Algérie peut s'opposer au péril acridien, n'arrive toujours pas à expliquer aux consommateurs la raison de cette hausse brusque du prix de la pomme de terre. Le ministre qui vient, par ailleurs, de présenter le bilan de son département au chef de l'Etat, n'a pas manqué de s'attarder, chiffres à l'appui, sur les résultats «positifs» du PNDA, sans en reconnaître les limites. En somme, et devant l'ascension fulgurante des prix de la pomme de terre, l'Algérie sera contrainte de recourir encore une fois, à l'importation. Une situation paradoxale pour un pays considéré comme un grand producteur de pomme de terre.