Ils estiment qu'en votant ce projet de loi, un chèque en blanc sera accordé au gouvernement. «Le président de la République a commencé à appliquer les mesures de la nouvelle Constitution avant qu'elle soit soumise à référendum. Au moment où l'APN débat sur la loi des finances 2007, il auditionne ses ministres dans son bureau», lance M.Lakhdar Ben Khelaf, député du mouvement El Islah. Pour ce dernier, cette démarche présidentielle traduit une volonté de la part de M.Abdelaziz Bouteflika d'empêcher l'instance élue d'user de son droit de contrôler le gouvernement. La non-présentation de la loi sur le règlement budgétaire confirme cette tendance. Les députés ont estimé qu'en votant ce projet de loi, un chèque en blanc sera accordé au gouvernement. «L'APN ne dispose d'aucun mécanisme de suivi lui permettant de vérifier les dépenses de l'Exécutif et la mise en oeuvre des différents projets». Même les commissions parlementaires sont bloquées pour des raisons partisanes. «Le gouvernement ne nous a jamais informés de la réalité de ce qui se passe sur le terrain. Au niveau du Parlement, les commissions d'enquête, à l'image de celle mise en place pour se pencher sur les scandales financiers, sont bloquées», défend un député indépendant. La majorité des interventions ont axé, hier, sur le phénomène de la corruption dans les cercles du pouvoir. «Le Parlement a adopté tous les textes législatifs de lutte contre la corruption, le gouvernement n'a aucun prétexte pour justifier ce laisser-aller». Dans ce même chapitre, les députés ont demandé l'installation d'une commission pour enquêter dans les cas des «nouveaux riches» qui ont construit leur fortune sur le dos des réformes engagées auxquelles l'Etat a consacré des milliards de dollars. M.Fellah Lazhar, représentant du FLN, a proposé de soumettre le fonds destiné à la promotion des PME/PMI estimé à 35 milliards de DA, au contrôle du ministère des Finances. Mourad Boutadjine a, quant à lui, brossé un tableau noir de la situation du sport en Algérie. Il a proposé la création d'un fonds pour le sport afin de contrôler les milliards qui circulent en espèces et qui échappent à tout contrôle. Citant dans sa lancée l'argent du sponsoring qui apporte à la seule fédération du football plus de 143 milliards, qui sont «gérés par des centres d'intérêt à des fins personnelles». Dans un autre chapitre, Mme Houria Bouhired a estimé que le projet de loi de finances 2007, au même titre que les précédentes, continuent d'être élaborés sans une vision prospective devant prendre en charge les projections de développement et de croissance économiques et sociales du pays. «L'ensemble des dispositions a un caractère de correction, non pas des tendances lourdes de notre économie, mais beaucoup plus de pratiques quotidiennes des agents économiques qui sont largement décriées». Eu égard à la conjoncture très favorable que connaît le pays et tout particulièrement en ce qui concerne l'embellie financière et le regain de confiance, il n'arrive toujours pas à retrouver une croissance à la hauteur de ses capacités et de ses possibilités. Des mesures sérieuses et courageuses doivent être prises dans le sens de l'élargissement de l'assiette fiscale et de la lutte contre les activités informelles. «Nous ne pourrons pas inverser la tendance actuelle si des mesures strictes ne sont pas prises dans l'immédiat pour mettre un frein à l'état d'anarchie qui caractérise notre environnement économique», atteste-t-elle. L'on note que c'est ce soir que le ministre des Finances, M.Mourad Medelci, répondra aux questions des députés.