Avec la suppression des commerces ambulants, le citoyen est pris en otage. Le marché des fruits et légumes est loin de connaître l'apaisement. La baisse des prix attendue avec impatience par les citoyens tout au long de ce mois de Ramadhan, n'est, en fait, qu'une illusion. A quelques jours de l'Aïd El-Fitr, les fruits et légumes grimpent les échelons pour atteindre des prix exorbitants. Une simple virée dans les marchés de la capitale nous permet de constater l'effervescence qui règne sur les étals des marchés. A peine avions-nous franchi l'entrée du marché Ali-Mellah, que nous sommes frappés par le prix de la pomme de terre. Ce produit de large consommation se fait de plus en plus désirer. Alors qu'elle était à 50 dinars le kg en début du mois sacré, la pomme de terre atteint, ces derniers jours, les 70DA, soit 20 dinars de plus. Faute de production suffisante ou d'absence de contrôle? Telle est la question qui tourmente le consommateur algérien. «Nous n'avons rien compris dans ce bled. Alors que les responsables affirment que la pomme de terre est disponible, les prix sont de plus en plus élevés. C'est paradoxal», conteste un sexagénaire rencontré au bazar de la place du 1er-Mai. Ce dernier, comme la majorité de tous les chefs de famille, vient sillonner quotidiennement le marché dans l'espoir de voir une accalmie, en vain. «Avec la suppression des commerces ambulants, on est réellement pris au piège», affirme ce vieux dont le visage renseigne de sa souffrance quotidienne. «Rabi ikoun fil aâoun», intervient une jeune dame qui venait de quitter le marché, le couffin presque vide. Cette mère de cinq enfants ne cache pas sa détresse quant à la flambée des prix sur les marchés. «J'essaie de serrer au maximum la ceinture, mais je n'arrive pas. Je prive mes enfants de la viande mais je ne peux pas les priver des légumes», se plaint-elle. Il est vrai que les marchés grouillent de monde ces derniers jours de Ramadhan, mais rares sont ceux qui repartent avec des sacs remplis. Avec également les achats vestimentaires de l'Aïd, l'on imagine la souffrance des pères de famille. Ces derniers se retrouvent entre le marteau et l'enclume. «Certes, j'aimerai, bien que mes enfants soient satisfaits, mais à quel prix?», se demande un simple fonctionnaire qui attend l'augmentation des salaires avec impatience. Pour revenir à la pomme de terre, et si l'on tient compte des déclarations des responsables de l'agriculture, ce produit ne fait pas défaut. Des quantités importantes sont disponibles et sont même en mesure de répondre aux besoins des consommateurs. Selon les chiffres avancés récemment par le directeur de la régulation et du développement des produits agricoles, M.Omar Assebah, la production disponible actuellement est estimée à quelque 2,6 millions de quintaux. Cette quantité dépasse largement les besoins recensés en consommation, estimés à 1,4 million de quintaux. Ce qui fait ressortir qu'il y a un surplus de 1,2 million de pommes de terre en réserve. En termes de production de la pomme de terre, notre pays est en tête du classement dans la catégorie des pays de l'Afrique et du monde arabe du fait que sa production annuelle est estimée à 21,5 millions de quintaux. Cela renvoie clairement la responsabilité de la flambée des prix à la spéculation. Il faut reconnaître que depuis l'ouverture du marché, les pouvoirs publics n'ont aucune prérogative sur le contrôle des prix. Les commerçants sont libres de «jongler» avec les prix pour doubler leur gain. La fluctuation des prix se fait en toute liberté en l'absence de l'Etat. Preuve en est que malgré les multiples déclarations des pouvoirs publics, les prix n'ont pas bougé, bien au contraire, ils prennent leur envol.