Le message de Mohammed VI exprime la volonté de Rabat d'ouvrir une nouvelle page dans ses relations avec Alger. A l'exception du sempiternel dossier du Sahara occidental, qui, soit dit en passant, est du ressort de l'ONU et ne concerne que les parties en conflit, à savoir le Royaume chérifien et la Rasd, les relations entre l'Algérie et le Maroc ne pourraient en réalité souffrir d'aucune équivoque. Pour peu que Rabat se rende à l'évidence que le soutien de l'Algérie au droit à l'autodétermination du peuple sahraoui est une question de principe sur lequel est fondée la diplomatie algérienne, c'est-à-dire le soutien aux causes justes, la tension actuelle se dissiperait, au fur et à mesure que les deux pays frères réapprennent à se connaître. C'est dans ce sens qu'abondent le président Abdelaziz Bouteflika et le roi Mohammed VI, en évoquant dans leurs messages respectifs leur «ferme détermination à consolider les liens de fraternité, de solidarité et d'entraide» entre les deux peuples. Le message de Mohammed VI à M.Bouteflika, à l'occasion du 52e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération, exprime la volonté de Rabat d'ouvrir une nouvelle page dans ses relations avec Alger. D'autant plus que les mutations internationales et régionales appellent à une meilleure intégration dans la région du Maghreb. Pour le souverain alaouite, les liens entre le Maroc et l'Algérie constituent «un levier essentiel pour l'édification d'une UMA basée sur la complémentarité et l'intégration économique». Il s'agit poursuit le roi du Maroc, d'un «choix stratégique inéluctable, afin de relever les défis de la mondialisation dans un monde de regroupements régionaux». Créée en 1989 à Marrakech, l'UMA devait constituer un cadre d'intégration économique et politique des cinq pays membres, n'était la volonté de Rabat de saborder toute initiative de réactivation de ce regroupement régional, sur cale depuis 1994, après notamment la décision unilatérale du Maroc d'imposer un visa d'entrée au Maroc aux ressortissants algériens, après l'attentat ayant ciblé un hôtel à Marrakech. Les autorités marocaines avaient, dès lors, accusé l'Algérie d'être derrière ces attentats. Appliquant le principe de réciprocité, l'Algérie, tout en imposant le visa aux ressortissants marocains, a décidé de fermer les frontières terrestres avec son voisin marocain. Ce n'est qu'en début 2000 que le Maroc a décidé de lever l'obligation de visa pour les Algériens. Il convient de rappeler que dans un message adressé à Mohammed VI, à l'occasion de l'Aid El Fitr, le chef de l'Etat avait plaidé pour «plus de coopération et de complémentarité», selon un texte rendu public à Rabat. Une nouvelle ère est-elle ouverte dans les relations entre Alger et Rabat?