La vision idéologique a la peau dure en Algérie. «Les acquis de la révolution (socialiste)» sont toujours défendus bec et ongles par une arrière-garde inconsolable. Si le monde a changé, dans notre pays, une bonne partie de la nomenklatura vit enferrée dans son passé et s'oppose farouchement à toute solution conforme au troisième millénaire. La nouvelle ordonnance sur la privatisation des entreprises publiques est aujourd'hui sujette à leur miroir déformant. Ils s'évertuent à faire croire à des licenciements massifs à la misère et à tous les autres maux qui existent sur la planète. Qu'en est-il au juste? Depuis la fin des années 60, l'Etat n'arrête pas d'intervenir pour maintenir à flot les entreprises publiques. Des dizaines et des centaines de milliards de dinars du Trésor public ont été ainsi engloutis par des entreprises étatiques incapables de produire le moindre sou. Des injections opérées dans l'espoir d'une reprise qui n'est jamais venue et ne viendra jamais. Fallait-il continuer d'«arroser le sable»? ou plutôt, cela est-il possible éternellement? A l'heure de la mondialisation et de l'ouverture des marchés, de tels raisonnements relèvent de pathologies chroniques et suicidaires. Dans le nouveau schéma économique en vigueur dans toute la planète, toute entreprise (publique ou privée) déficitaire, endettée ou en cessation de paiement, est vouée à la disparition et ses travailleurs jetés à la rue. C'est ce qui, malheureusement, attend la majorité de nos entreprises publiques si aucune solution radicale n'est apportée. «Ce sont 200 000 emplois qui sont menacés», a révélé M.Boukrouh lors de sa dernière conférence de presse pour signifier que l'adoption de la loi sur la privatisation est la seule solution possible pour essayer de sauver ce qui peut l'être encore. Les tenants des «acquis» ont vite fait de transformer cela par «la privatisation va conduire à 200 000 licenciements». Un activisme de mauvais aloi et charognard car son terreau se trouve être précisément la misère. Il ne veut pas de relance, de croissance. Car, en fait, ouvrir le capital de nos entreprises publiques tel que prévu par la nouvelle loi est un moyen de sauvetage pour leur éviter de mettre la clé sous le paillasson. Toute entreprise, quelle que soit sa nature est aujourd'hui soumise aux règles de gestion que dicte le marché. Les tabous ont fait, depuis longtemps, beaucoup de mal à notre pays. Les Algériens en ont pris conscience. Ils ne croient plus les gourous et leurs sectes. El-Hadjar a été sauvé par le capital privé grâce à un partenariat avec une firme indienne. 13.500 emplois ont été ainsi préservés par... la privatisation.