Des consultations ont commencé pour la création de comités de soutien. La communauté algérienne en France se perd en conjectures sur l'incarcération du prince du raï, Cheb Mami, et ne comprend pas comment une telle personnalité est traitée de cette façon. Des consultations ont commencé dans le monde associatif pour la création de comités de soutien à l'artiste détenu en préventive à la prison la Santé. L'émoi et parfois l'indignation des Algériens viennent en fait des nombreuses zones d'ombre qui entourent cette affaire; Mami est tout de même une personnalité ayant de solides amitiés politiques en Algérie et en France et ayant à son actif une carrière artistique d'envergure internationale. Comment expliquer donc cet empressement à l'écrouer sans qu'il puisse bénéficier d'une libération sous caution jusqu'au procès? Il faut savoir que la détention préventive, en l'occurrence «sur des allégations» selon une source proche de la défense, est décidée lorsque le prévenu menace l'ordre public ou le cours normal de l'enquête. Or, le cas de Mami ne relève pas de ces catégories. L'argument qu'il pouvait repartir en Algérie pour se dérober à la justice française est peu consistant selon notre source car Mami est français d'une part et on pouvait lui retirer ses documents de voyage au pire des cas, pour l'empêcher de quitter le pays. Au-delà de ces interrogations reste l'affaire elle-même. Le chanteur avait été arrêté sur plainte d'une ancienne compagne qui l'a accusé «de violences et séquestration». Faits que nie aujourd'hui Mami qui reconnaît toutefois qu'il a bien eu une relation avec ladite dame, mais ignore tout de ses accusations. Mami a rencontré cette femme de 38 ans, française de souche et non d'une quelconque origine maghrébine, lors d'une tournée au Caire. La plaignante travaillait alors pour le staff du chanteur comme photographe. Ils eurent près de cinq à six rencontres puis Mami prit ses distances car il était sur le point de renouer avec son ex-épouse. Plus tard, il s'était remarié, la photographe contacte Mami lui apprenant qu'elle était enceinte et qu'elle exigeait 30.000 euros pour pratiquer un avortement. L'artiste n'a pas pris la menace au sérieux. Puis son agent Michel Levy, incarcéré lui aussi, l'appelle pour lui dire que la menace était sérieuse. Mami apprendra plus tard que Levy avait versé 5000 euros à la dame pour obtenir son silence. En vain apparemment. Selon notre source, Mami maintient que l'histoire s'était arrêtée là pour lui et qu'il ignorait l'épisode d'Alger. La plaignante, elle, soutient qu'elle est partie à Alger avec Levy, et qu'elle a été reçue par Kader, le fondé de pouvoir de Mami à Alger. Celui-ci aurait fait venir deux médecins dans la villa de l'artiste pour un avortement. On ne sait pas ce qui se passe à ce stade de l'histoire puisqu'elle revient à Paris toujours enceinte puis accouche d'un bébé âgé aujourd'hui de sept mois. Elle reprend contact avec Mami pour de nouvelles exigences et menaces. Mami lui, est catégorique: il n'a jamais été à Alger à ce moment-là, et n'a aucun lien avec la supposée séquestration de la dame. Notre source souligne que la plaignante s'est rendue tout de même volontairement à Alger sinon «nous ne voyons pas comment on peut faire voyager une adulte contre son gré». Toujours est-il que les doutes et les contradictions dans cette affaire auraient dû inciter le juge d'instruction à plus de mesure,remarque notre source. Une commission rogatoire sera dépêchée à Alger pour tirer cette affaire, du moins l'épisode algérois, au clair, tandis que la défense se prépare à demander une liberté sous caution afin que l'artiste cesse d'être traité comme un délinquant, même si pour l'heure, il est correctement traité en prison.