À un mois de la célébration du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, l'annonce du ministre de l'Habitat a de quoi rappeler justement la Déclaration du 1er novembre 1954. Entre autres objectifs assignés à la révolution, l'édification d'un Etat social figurait en bonne place. En tout cas, les moudjahidine qui ont pris les armes pour libérer le pays, l'ensemble du peuple algérien qui a clairement manifesté son intention de recouvrer sa souveraineté sur le territoire de ses ancêtres et les chouhada qui n'ont pas assisté à la renaissance de leur nation, imaginaient une nation forte, prospère où personne n'aurait à tendre la main pour quémander sa nourriture. En 132 ans d'horrible colonialisme, les Algériens qui ont miraculeusement échappé à une véritable entreprise génocidaire ont failli disparaître sous les coups barbares de généraux français sans foi ni loi. Ils ont non seulement survécu à l'acharnement des colons et leur armée, aux déportations, aux crimes de masse, mais en plus de cela, ils ont sauvé leurs langues, leurs dialectes, leur patrimoine matériel et immatériel. Pourtant au premier siècle de la colonisation, on pensait à Paris, la conquête définitivement accomplie. Il n'est pas besoin de relater les épisodes qui ont amené, au final, le peuple à se redresser et mater la IVe puissance économique et militaire de l'époque. Mais retenons que le combat n'était pas que militaire. Les Algériens ont usé de leur souffle libérateur. Ce dernier charriait son identité profonde que la colonisation n'a pas pu pénétrer pour le dénaturer. De l'intérieur, l'Algérien était resté le même. Et c'est cette authenticité qui a fait de lui le farouche combattant qu'il fut tout au long des sept années d'une guerre héroïque qui lui a permis d'arracher son indépendance. Cette guerre a commencé par une Déclaration. Et cette Déclaration s'est transformée en serment fait aux martyrs pour l'indépendance. Sitôt, le premier dinar frappé, le premier drapeau national levé à Sidi Fredj, la première école ouverte pour accueillir les premiers élèves de l'Algérie indépendante, la Déclaration du 1er novembre 1954 s'était naturellement imposée comme la première Constitution et la plus authentique de la République naissante. Il y en a eu beaucoup depuis. Et même si par moment, au nom d'un certain réalisme et rationalité invoqués par les dirigeants du pays, la substance de la Déclaration du 1er novembre engageait tous les gouvernements, sur les 62 années d'indépendance, à savoir que quoi qu'il arrive, l'Etat algérien se devait de demeurer social! Au gré des expériences bonnes ou mauvaises, les épreuves difficiles ou carrément cruelles, les oublis et les quelques errements qui ont émaillé la marche de la jeune République qu'est l'Algérie, le peuple s'est de tout temps appuyé sur ses martyrs pour rappeler aux gouvernants le serment sacré fait aux chouhada. Le mouvement populaire du 22 février 2019 qui a enfanté la nouvelle Algérie est la parfaite illustration de ce fait historique qui donne à la révolution une présence permanente dans la conscience populaire. Il va de soi donc que 70 ans après, le premier coup de feu du 1er novembre 1954 raisonne encore aux oreilles des Algériens comme cette promesse qu'ils doivent absolument tenir: un Etat souverain, fort, prospère et social. Ceci expliquant cela, l'Algérie fête son 1er novembre à chaque réalisation qui la rapproche du serment fait aux chouhada. Il y aura les logements dans un mois. Mais avant et après aussi, il y a l'insuline algérienne, l'autosuffisance en blé dur, une industrie minière, d'autres satellites, un programme spatial digne de ce nom...Bref, le 1er novembre n'est pas une date, mais une promesse.